11/11/16 à 21h50 (Edition : 07/06/21 à 0h01)
12 Mai 2020, 23h...
Chapitre 1 : Entité 22, Le Monstre que je suis
Point de vue d'Entité 21.
Je suis une Entité. Une arme, une machine à tuer, avide de sang. C'est ma seule raison d'exister. Je ne suis que la partie sombre de mon âme. J'aime tuer, je me délecte de ce liquide rouge à chaque fois qu'une de mes griffes transperce le cœur de l'ennemi. Il est si chaud... si délicieux... Autant que les larmes de désespoir de ma victime. Cette fois, je suis dehors. Mon pied écrase le visage dans le sol de cet individu, un petit être impur à la chevelure verte. 8 ans, tout au plus. Un Gijinka Tarsal. Peu importe son nom. On m'a demandé de le trouver, c'est fait. On m'a demandé de le tuer, c'est fait. Mais qu'est-ce qu'il pouvait être chiant à pleurer, bordel....
« - Mais tu vas fermer ta gueule ? Arrête un peu de hurler, tu vas attirer la Police sale enflure ! »
Rien à faire, il ne faisait qu'hurler. Même si on était à la campagne, dans une maison super isolée, il y avait la police qui passait quelques fois. J'avais la constante habitude de tuer mes victimes d'un coup de griffe extrêmement rapide au visage, mais son psychisme m'avait détecté à la seconde où j'avais mis le pied chez lui. Ses parents m'avaient détecté un peu plus tôt, mais qu'importe, ma vitesse avait fauché leur misérable vie. Il ne restait que lui. Après avoir couru dans son jardin, il avait trébuché, et je lui avais mis un coup de poing dans l’œil ce qui avait provoqué un coquard à l’œil droit, avant que je lui casse son bras. Allongé au sol, dans son jardin derrière sa maison, il continuait de crier à la mort, mais cette fois, je l'avais empêché de parler en l'étouffant par mon pouvoir Psychique. Le sang de ses parents était délicieux, je me souviens avoir taillé leurs veines pour me servir, mais je ne fais pas ça avec les gosses, car ils peuvent toujours servir l'Ordre.
Un autre coup dans son crâne acheva son mental, qui le faisait encore rester conscient. Il tomba au sol pour de bon cette fois, inconscient. Ahhh... Ce silence, si appréciable... Et maintenant, le coup final, comme prévu dans le plan. Je formais une longue griffe... Trancher la tête d'un enfant était considéré comme abominable, mais bon, c'était mon boulot, et c'était si jouissif de torturer ses victimes jusqu'à une mort brutale, et...
« - Entité 21 ? Nous avons des nouvelles consignes pour vous, le Gijinka que vous avez attaqué, avez-vous tué sa famille comme prévu ?
Ah, tiens, mon oreillette me faisait rappeler que j'étais encore en communication avec la Base. Qu'est-ce qu'ils étaient chiants à chaque fois à m'interrompre pour ce genre de conneries.
- Oui, Mission accomplie, me manque plus qu'à décapiter le gosse, et raser la maison, c'est quoi votre souci encore ?
- Négatif ! Le gosse, vous me le ramenez à la base ! On pourrait en faire un allié puissant avec vous plus tard, ou avec votre sœur là, je sais plus quel numéro elle a...
- C'est 22... C'est si difficile de retenir le chiffre d'une de nos alliées les plus efficaces en terme de repérage et d'espionnage ? Surtout que c'est ma sœur à la fin, comment vous faites ? Râlais-je, dans l'oreillette.
Silence Radio. Tant mieux, ils savaient que je haïssais que l'on ne respecte pas ma sœur, une si douce Latias Gijinka, qui savait se montrer violente et intransigeante quand il fallait chasser du Gijinka ou de l'humain. Tel était notre but : Tuer des Gijinka, ou les enrôler de force dans l'Ordre des Entités. Il nous arrivait de tuer des humains aussi. C'était un cas rare que certains nous rejoignent de leur plein gré. En temps normal, les Gijinka nous craignent. Certains, d'autres, eux, voulaient juste participer à nos actes, pour diverses raisons.
- Bref, ramenez le Tarsal Gijinka en vie, et détruisez la maison, il ne doit rester aucune trace de la famille !
- Nous nous en chargerons comme toujours, fis-je d'une voix vidée d'émotion.
- Ouais ben faites gaffe ! Prononça une autre voix, très rauque. L'autre fois 22 a perdu les pédales, elle a recommencé à diverger en ratant deux Draco-Météor de suite, et en prononçant des paroles n'ayant pas lieu d'être. Si elle continue ainsi, nous devrons la tuer, que vous le vouliez ou non. Cette fois, nous lui avons ré-injecté de la Substance Noire, rien que pour cette mission. Va falloir trouver une alternative, elle commence à s'en défaire.
Je pouvais comprendre. Depuis peu, 22, ma petite sœur, commençait à un peu passer du côté normal et neutre des Gijinka, à cause d'un cauchemar fait après avoir fait raté l'exécution d'une mère et son enfant. J'avais dû les tuer après qu'elle se soit évanouie... Moi, ça m'avait pas choqué, mais quelque chose avait cloché chez elle, elle avait fait de gros cauchemars et avait refusé de détruire la maison d'une autre Gijinka peu après... Bah, une injection de Substance Noire dans une Capsule, mais directement dans le cœur lui fera passer ses troubles, pour de bon. Mais elle était revenue aujourd'hui, avec moi, pour détruire la maison. Cette fois, j'avais pas pris de risques, je l'avais laissée bien loin de la maison, juste pour qu'elle puisse repérer l'endroit. On ne savait jamais. Reste à voir si elle n'allait pas encore faire une rechute avec l'ordre qu'on nous avait donné...
- Entendu Chef. Nous rentrerons dans la soirée.
- Reçu cinq sur cinq. Nous vous attendons.
Le gosse était mourant, mais qu'importe, je n'avais qu'à le soigner avec Vibra Soin, ça irait mieux pour lui après. Une douce lueur verte émanait de mon corps, et une sorte de cercle verdâtre entoura l'enfant, le faisant légèrement flotter au-dessus du sol. À première vue, j'aurais de suite pensé que ce serait une perte de temps de ramener ce gosse. Cela dit, j'avais repensé à un détail, et je pensais franchement que c'était ce détail qui avait fait que nous avions attaqué cette maison aujourd'hui. C'était surtout dû à ce qu'il s'était passé il y a quelques semaines. Depuis ce temps, nous n'avons plus de Gijinka Gallame, qui était l'Entité 34, depuis qu'il avait été abattu par la Police dans une pauvre fusillade, lors d'un feu nourri. Une balle perdue. Il faisait juste que manger. Il était mort là-bas, et il fut une grande perte pour nous tous. Du coup, on avait essayé de trouver un potentiel remplaçant, mais tous n'avaient pas survécu aux tests. Peut-être que celui-là aura la chance de survivre... Après quelques minutes, il était toujours inconscient, mais soigné. J'espérais qu'il passerait les tests... Sinon qu'importe, j'en aurais rien à faire qu'il ne survive pas. Finalement, ça ne me gênait pas d'avoir un allié psychique. Surtout que c'était un enfant, toujours plus facile à embrigader et à entraîner.
J'avais du coup fait demi-tour vers ma chère sœur, une centaine de mètres en arrière de la maison. Elle était pensive, et regardait le ciel étoilé. Ses splendides ailes noires se mariaient tellement bien avec son T-Shirt blanc, et la jupe noire qu'elle mettait lui allait bien aussi. Ses yeux rouges sang montraient bien qu'elle était bien revenue parmi nous. Elle avait mis de magnifiques collants noirs s'arrêtant après le genou cette fois, et avait coiffé sa longue chevelure tombante, mais ses petites ailettes blanches de Latias sortaient à travers ses cheveux vers l'arrière, et ça rendait bien. J'étais fier d'elle. Elle avait bien ce sourire arrogant et psychopathe, ses yeux rouges brillants... hmmm... Oui, c'était bien elle là, c'était bien ma sœur, Entité 22.
- Alors petite sœur, es-tu prête ?
Elle se mit à rire aux éclats, avant que son regard ne traverse le mien, tout en regardant le jeune enfant inconscient. Elle passa ses douces griffes dans les cheveux du garçon, caressa son front avant de répondre, un sourire aux lèvres.
- Prête pour détruire cette maison ? Mes météores la réduiront en cendres.
Ah, là c'était bien elle, sûr à 100%. Sans même m'avertir, ses marques triangulaires bleues se mirent à briller d'une lueur intense, avant de faire tomber une puissante Draco-Météor sur la maison. Les explosions violentes avaient tout détruit en quelques secondes. Elle rigola de ce spectacle, mais moi je n'étais pas content. Nous étions frère et sœur, nous faisions tout ensemble normalement !
- Hé ! Je voulais le faire aussi moi ! Grondais-je, furieux de ne pas avoir pu faire de même avec elle.
- Il fallait être plus rapide, grand frère, rigolait-elle, dans un rire presque mégalo.
Hrrrn, rigole bien, la prochaine fois, je le fais avant toi ! Bref, fallait qu'on rentre vite. Il ne fallait pas qu'on se fasse choper par la police quand même... Elle avait alors pris la parole dans son oreillette, pour avertir les chefs à la Base.
- Cible Détruite. Nous rentrons à la base. »
Elle coupa ensuite la communication avant de prendre son envol, en mettant ses lunettes de vol, suivie par moi. Nos ailes de Gijinka nous permettaient de voler à une vitesse phénoménale bien que subsonique, car la vitesse du son nous tuerait sur le coup. On sera rentré sous peu...
T'en fais pas gamin, tu me seras d'une grande aide...
*****
Point de vue d'Entité 22
Fuir. Liberté. Deux mots qui trottaient dans ma tête. Je ne voulais plus. Je savais très bien ce que mon frère avait fait. Mais je ne voulais pas le croire. Ce n'était pas mon frère. Mon Latios que j'avais connu, lui, avait disparu le jour où ils lui avaient injecté cette Substance Noire... Il n'était plus Latios. Il n'était qu'un monstre, ses griffes rouges écarlates ne laissaient aucun doute. Il portait l'enfant dans ses bras, je savais donc ce qui arrivé aux parents. Lorsqu'il m'avait dit d'utiliser Draco Météor... j'ai dû jouer le jeu, sinon il m'aurait directement envoyé en salle d'injection à nouveau. Mais j'en pleurais. Mes lunettes le cachaient, mais... je pleurais de rage. J'en avais eu assez il y a une semaine. Ça faisait 15 ans que j'avais été enrôlée de force dans l'Ordre des Entités. Et ça, aussi étrange que ça pouvait paraître, je ne m'en étais pas souvenu depuis quinze ans, justement. J'avais fini par comprendre comment ça marche. On nous donnait l'ordre de tuer une famille. On le faisait, peu importe qui était la personne. On brûlait, détruisait la maison, ou le village, de temps à autre. Et les enfants Gijinka, on les récupérait. Il arrivait que les ordres donnés nous stipulaient de les tuer. Mais je n'avais jamais reçu de tel ordre. Seule Entité 19, mon frère ou très peu d'autres s'en occupaient, peu scrupuleux de la mort d'un enfant. Puis, pour ceux qu'on ramenait, on exécutait les tests sur eux.
« Crève, ou renaît. »
Cette phrase était toujours prononcée. Si le Gijinka survivait à tous les tests, il passait dans un caisson spécial rempli d'un liquide bleu. Puis au bout de deux jours, on injectait la Substance Noire. Et cette phrase était prononcée. Une substance si étrange qui avait le pouvoir de faire oublier le passé de l'individu et le posséder. Qui il était, le nom qu'il avait, sa famille, tout. Et surtout, la Substance Noire corrompait l'âme. Elle corrompait les sentiments. Une fois dans le corps, dans le sang, l'individu n'était plus le même. Prêt à tuer. C'est le type de Lavage de Cerveau dont j'avais été victime. Je me souvenais de tout à présent.
Un beau jour d'été. Je jouais avec mon frère sous l’œil attentif de mes parents. Ma mère riait avec mon père, et mon grand-frère lui jouait avec moi, tranquillement. Puis soudainement, la porte vola en éclats dans un bruit assourdissant. Il s'agissait de deux autres Entités, 7 et 19. Un Amphinobi Gijinka, et une Absol Gijinka. Un tocard, et une garce. Le tocard lui, avait débarqué par derrière, et son Tranche-Nuit avait surpris mon père, ayant pris le coup au visage. Et puis... La Gijinka d'Absol était arrivée. Elle n'avait fait que des jeux de mots sur sa faux qu'elle portait. Noire comme les ténèbres. Elle avait transpercé le cœur de ma mère sans crier gare qui n'avait même pas entendu 19 se glisser derrière elle. Elle s'était effondrée au sol, des larmes coulant sur les joues. Et cette Absol... Elle riait, comme j'ai fait mine de rire tout à l'heure. Je me souviens avoir hurlé de rage si fort que les vitres s'étaient brisées. 19 était désorientée par ce cri, mais 7, lui, utilisa son Sheauriken vers moi juste avant de faire pareil avec mon petit frère. Mon père, lui avait encore de la force, et s'était battu jusqu'au bout. Je voyais la scène, malgré moi. J'étais encore consciente... Et finalement, mon père avait été pris au dépourvu dans son dos par la faux de 19, et par devant au visage avec un Hydrocanon de 7. Il s'effondra au sol, probablement mort sur le coup. Puis le regard de cette tueuse... 19... elle transperça le mien. Elle avait couru vers moi alors que je tentais de me relever tout en brandissant un bouclier psychique, mais c'était inutile. Un autre coup de pied partit d'elle, dans ma tempe. Puis plus rien. Le noir total. Je me souvenais m'être réveillée dans un tube étrange, flottant dedans, ainsi que mon frère à côté, dans un autre tube. J'avais donc passé les premiers tests, tout comme lui. Puis nous avions été mis sur une table d'hôpital, et on nous avait emmené dans une salle opératoire. Une des neuf salles d'injection. J'en savais quelque chose, puisque depuis mes 18 ans, j'avais assisté à beaucoup d'injections de ce type. Et moi, je me souviens que j'étais sous l’œil de 19. Puis la torture des tests de pré-injection. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est horrible. Des injections de tout ce que vous pouvez imaginer : drogues, produits chimiques. Ça avait duré une heure en tout. Puis, le dernier test, le plus violent de tous, l'injection de Substance Noire. 19 avait mis les transfusions dans mes veines, et 7 dans celles de mon frère. Je me souviens l'avoir vu une dernière fois me regarder, des larmes coulant sur ses joues. Il était apeuré, tout comme moi. Puis, les deux ont prononcé en même temps cette phrase.
« Crève, ou renaît. »
La Substance Noire était si chaude quand elle rentrait dans mon corps. C'était extrêmement douloureux. À chaque fois qu'un Gijinka se faisait injecter ladite Substance, un hurlement strident se faisait entendre. S'il durait plus d'une minute, c'est que ça avait fonctionné. Sinon... Je suppose que vous avez compris. Et j'avais hurlé, souffert, durant plus de cinq minutes, bien après la fin de l'injection. Mes poumons me brûlaient, du sang coulait de mes narines, et mes yeux brillaient d'une forte lueur rouge rubis. Mes muscles devenaient très douloureux, ma respiration était accélérée et mes mains tremblaient. Je perdais progressivement connaissance... Car en plus de l'âme qui était corrompue, nous changions quelque peu d'apparence. Quelques minutes plus tard, j'avais ouvert les yeux. J'étais au sol, dé-sanglée. Mon frère n'était plus le même. Il n'avait plus sa chevelure bleutée d'avant mais une chevelure argentée, mais il avait ses yeux rouges comme ceux d'un Latios, de belles ailes bleues et une veste de même couleur constamment ouverte, et un T-shirt blanc, comme moi. Il avait un pantalon bleu marine, un triangle devenu noir sur le front et sur le buste. Les griffes qu'il pouvait faire apparaître étaient bien plus grandes, plus mortelles et sombres.
Puis il me regarda. J'étais allongée au sol, faible. Mais mon esprit était alors corrompu. Je me sentais étrangement en présence d'une autre personne en moi-même. Comme une aura sombre. Je la ressentais s'envelopper autour de mon âme, en prendre possession... Puis plus rien. Je me regardais dans un miroir, sourire inconsciemment. Mes ailes étaient d'un noir spatial. Ma tenue de Gijinka était devenue presque entièrement noire sous le regard surpris de 19, à l'exception de mon T-Shirt, resté blanc, et des mes deltas, restés bleus azur. Mes yeux de couleur ambre avaient pris une couleur rouge incarnat, et mes cheveux étaient devenus argentés au lieu de rester blancs. Mes griffes... elles pouvaient apparaître, bien plus grandes que celles de mon grand-frère, mais plus fines et d'une couleur argentée, et bleu marine si j'utilisais Dracogriffe. Mes gants montants aux coudes étaient aussi devenus noirs, seules les petites lunettes de vol que j'avais étaient restées rouges. Mes chaussures, noires aussi. Puis l'Absol s'était mise à rire, et à applaudir.
« - Pour ma première mission, on peut vraiment dire que c'était une réussite !
Elle embrassa Entité 7, l'Amphinobi Gijinka, avant que celui-ci ne lui rende la pareille. C'était la première mission de 19, et elle avait réussi. Il était rare que cela arrive, avec les connaissances actuelles que j'ai dessus...
Puis, elle s'était approchée de moi, me caressant l'épaule.
- Chère Entité 22... Bienvenue dans l'Ordre, chuchota-t-elle, dans mon oreille. Comment te sens-tu, à présent ?
-... Puissante. Forte. Je peux sentir cette force en moi... Elle brûle en moi à l'intérieur. Je veux agir, je veux agir, laissez-moi tuer quelqu'un, n'importe !
Je ne me contrôlais plus. Je ne pouvais plus rien faire pour voir mon corps agir tel un robot. Et mon âme se corrompait un peu plus chaque seconde. J'étais devenue psycho. Complètement.
- Relax, tu seras bientôt affectée à ta première mission ma petite. J'ai bien hâte de voir ce que tu vaux sur le terrain...
- Elle n'a que 13 ans, Entité 19 ! Le seul type de mission qu'elle fera sera du repérage. Le meurtre, la capture et l'injection, ne se font qu'à partir de 18 ans ! Coupa Entité 7.
Elle avait l'air contrariée, mais avait compris les ordres. Même s'ils s'aimaient, 7 avait plus d'ancienneté que 19. 7 savait donc ce qui devait être fait, contrairement à 19. Puis mon frère s'était approché de moi, en me tendant la main. Je la serrais. Je me sentais libre à ce moment. Libre, forte, mais j'avais cette envie de tuer. De torturer. Entité 19 le voyait dans mes yeux et le lisait sur mon visage, et elle avait l'air d'en être entièrement satisfaite. Quant à mon frère, il était souriant, mais il avait, tout comme moi, oublié qu'ils avaient détruit notre vie, notre famille. Mais la Substance Noire empêchait de penser à ça, d'y réfléchir. Elle nous contrôlait, et nos chefs nous contrôlaient tout autant. Certains n'avaient pas fait d'injection, ils étaient juste ceux qui servaient l'Ordre en étant Entité, mais de leur plein gré. Puis des humains étaient entrés dans la pièce. Plusieurs scientifiques, et un militaire. Ils acclamèrent tous Entité 7 et 19. Puis le militaire était venu nous voir, tous les deux. Et il se mit à dire :
- Suivez-nous. Nous serons vos meilleurs alliés. Vous serez sous tutelle de 7 et 19 pendant quelques temps. En attendant votre première mission, installez-vous confortablement... 7 et 19 vous montreront vos chambres. Bienvenue à vous. »
Je pensais comme une meurtrière alors, comme mon frère. Je disais des paroles violentes régulièrement, après ça. Malgré ça, je m'entendais pas bien avec 19, ni 7. Pourquoi, je ne sais pas. Entité 19 riait en disant qu'on était bien dressés pour le coup, avant de me voir lui infliger un crochet droit, lui faisant comprendre que je n'étais pas un animal. Elle s'énerva, mais mon frère et Entité 7 nous séparèrent assez vite. Latios, d'une voix doucereuse mais avec un fort écho dans sa voix, avait dit simplement :
« - Allons ma chère sœur, ce n'est pas le moment de faire mauvaise impression. Garde ce feu bouillant en toi pour ta première mission. Nous avons longtemps été proches, nous le serons assez pour vaincre le mal enraciné dans notre monde...
- Bien mon frère... Après tout, je n'ai jamais encore vu ni ressenti ce que cela faisait de tuer... Ça doit être si... si...
- Jouissif ! Interrompit l'Absol. Crois-moi là-dessus, avoir le droit de vie ou de mort sur quelqu'un tout en le torturant est quelque chose d'inimaginable.
- Mais je t'ai déjà dit que c'était à 18 ans ce genre de choses, 19...
- Je le sais mais cette règle est une plaie, sincèrement. Il devrait pas y avoir d'âge pour tuer ! Tuer est si énorme... Cela nous donne une impression que ceux qui ne le font pas ne peuvent comprendre. Enfin, hâte de te voir à tes 18 ans sur le champ de bataille, 22.
- Avec tout ce que tu m'as dit, j'ai maintenant encore plus d'impatience pour dépecer ma première victime... Je le désire tant... »
Je m'étais mis à rire à gorge déployée, d'un rire complètement psychopathe. Latios, mon frère, lui restait calme, cela dit. Je n'étais plus moi-même. J'étais 22. Il n'y avait plus que 22. Latias avait disparu, et... mon nom... Je l'ai oublié. À jamais, je pense, malheureusement.
Par la suite, mon frère, lui avait reçu Entité 21 comme nom de code. Pas glamour du tout... Puis j'avais effectivement réussi ma première mission. Trouver un Gijinka pour Entité 19. Puis la laisser le tuer. Plus je voyais de morts, de semaines en semaines, plus j'étais impatiente de tuer. Et j'avais continué durant cinq ans à traquer des innocents. Au début, quand j'étais arrivée, on tuait ou capturait au hasard. Maintenant, c'était surtout les familles pauvres, pas aisées, ou les grands Gijinka de ce monde, et surtout, les espions infiltrés chez nous ou ceux qui en savent trop, ou suffisamment sur nous pour nous porter atteinte. Justement, c'était pour ça que mon frère avait tué les parents de notre cible aujourd'hui. Le fils aussi aurait dû être tué, mais visiblement, quelqu'un a changé d'avis. Il fallait éradiquer une grande partie d'entre eux mais aussi éradiquer une bonne partie des humains. C'était réellement les grandes lignes. Mais à part celui qui commande ça lui-même, personne ne savait quel était son réel plan.
Puis le jour fatidique arriva. Après cinq ans d'attente, mon frère avait été affecté à une mission, seul, avec Entité 7, et moi avec Entité 19. Avec le temps, j'aimais de moins en moins 19. Elle était un peu plus forte que moi, certes, mais je la haïssais. Elle passait plus pour une garce, une femme fatale qu'une Entité. Elle était chiante au possible, se plaignant souvent pour pas grand-chose. J'savais même pas combien de mecs elle avait roulé, ni combien de pelles elle avait roulé aussi, mais je la haïssais. Elle avait tenté de brutaliser mon frère d'ailleurs sauf que j'étais là, au moment de sa tentative. Je l'avais littéralement roué de coups avant que 7 intervienne. Mais je lui avais fait sacrément mal, si bien qu'aujourd'hui, j'étais assez... « réputée » pour mon caractère dans l'Ordre. Et surtout que cette catin ne me cherche plus d'emmerdes. Les nouveaux venus connaissaient ma façon de faire, ma façon d'agir, précipitée, violente, irréfléchie par moments. Mais ceux qui nous commandent ne se passent pas de moi, ils savaient que je leur étais d'une grande aide. Moi, j'imposais mes conditions aux autres, mais ça marchait. Et puis, mon regard a longtemps dissuadé ceux qui m'ont cherché des emmerdes.
Oui, j'avais gardé quelques traits de caractère à la suite de l'injection. Parce que je n'étais pas comme ça avant.
Bref. Je m'égare trop. Revenons à ce premier meurtre, qui me hante maintenant, depuis que j'ai retrouvé mon âme.
Une Gijinka Mentali, et son fils, un Gijinka Evoli. Après les avoir localisés sans l'aide de personne, je m'étais introduite chez la mère, la nuit. Impatiente, j'avais manqué de discrétion. Et ça n'avait pas raté, elle s'était réveillée. Je voulais faire ça vite, ça avait raté aussi. J'avais dû engager le combat avec elle pendant que son enfant s'enfuyait. Puis le combat commença. J'avais lancé trois Ball'Ombre très rapides droit vers ma cible, qui avait bloqué les attaques avec Abri. Je me concentrais alors, afin de pouvoir briser l'Abri en me renforçant avec Plénitude. Quant à elle, elle commença à m'attaquer. Mais qu'importe, la plénitude me rendait progressivement invulnérable, si bien qu'à un moment, j'avais avancé. D'un calme inimaginable, mes yeux rouges brillants d'une lueur vive, et encaissant toutes les attaques, j'avais agrippé le cou de la jeune femme avec ma main droite avant de la plaquer contre un mur, serrant ma main. Je l'étouffais, riant de la situation. Elle était désespérée. Je ne voulais que ça, alors. Je voulais l'entendre hurler. Pleurer. Je voulais la torturer, et la voir mourir. J'avais commencé à tailler ses veines, l'entendant hurler d'un cri strident. De toute façon, personne ne pouvait l'aider. Nous étions en pleine campagne, sans personne pour la secourir. Son sang était, quand j'étais encore possédée, pour moi... excellent. Je haïssais y penser maintenant, mais c'était vraiment le fond de mes anciennes pensées. C'était horrible, mais j'étais comme ça avant. Sans âme. Puis j'avais continué à la torturer, durant de longues minutes. Buvant son sang de temps à autres... Puis je l'avais achevée, d'une Dracogriffe qui lui avait empalé le cœur. Et je m'étais mise à rire, encore une fois. Le Rire Démoniaque, que les Entités appelaient ça. Quand je tuais quelqu'un avant, je riais toujours ainsi. Et j'en avais encore des frissons. Elle s'écroula au sol, froide et décédée.
J'étais alors heureuse, j'étais satisfaite de cet acte horrible que j'avais fait. Et ça me répugnait. Je vous en parle, mais comprenez que cela me rend haineuse envers moi-même... Si je pouvais me donner la mort, je le ferais. Mais je ne pouvais pas, au vu de ma « rechute » récente. Je vous expliquerai après.
Puis j'en étais ressortie, les habits tachetés de sang, et du sang était encore présent sur mes lèvres. Entité 19 en fut... plutôt plus surprise que satisfaite.
« - Vingt Minutes pour tuer ? Sérieusement ?
- Non... 20 minutes pour torturer, et voir ce que cela fait de tuer lentement sa victime, avais-je répondu, avec un sourire sournois. Extrêmement satisfaisant, mais le gosse m'a échappé.
- Au diable le gosse, il ne fera rien contre nous. Mais tu as réussi à être plus psychopathe que moi à mes débuts, je dois admettre que tu m'as réellement impressionné. Rares sont ceux qui arrivent à tuer du premier coup. Allons, à présent, rentrons, il se fait déjà tard. »
Puis nous étions revenues à la base. On avait été acclamées durant de longues minutes, mais les honneurs revenaient surtout pour moi. Ils étaient fiers d'un monstre, ça me rendait malade d'y penser aujourd'hui. J'avais même pas réussi à résister à cette transformation violente et folle. Quant à mon frère, il était rentré, et lui aussi avait réussi. Entité 7 était fier de lui. Mais comme moi, il avait laissé partir l'enfant. Il était satisfait aussi... Et je me souvenais encore de ce moment ou je continuais de faire briller mes yeux rouges, tout comme lui. Ce fut effrayant. Puis j'avais continué de jour en jour à tuer. Tuer encore plus, tuer toujours plus. Il m'arrivait de capturer certains Gijinka, sur lesquels je pouvais faire les tests, les injections, et même de la torture pour certains traîtres, ou aspirants à déserter. Et c'est ça qui fait que je me déteste à présent. Je torturais, étais sans aucune pitié ni compassion pour ceux qui étaient dans le même sac. J'aimais torturer. C'était pour moi une de mes occupations favorites. Et tout le temps, durant 10 ans, c'est resté ainsi.
Jusqu'à il y a une semaine.
Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais eu le déclic. J'avais eu une mission duo avec mon frère, et j'avais reçu pour ordre d'exécuter... six familles. Pas mon frère. Seulement moi. Il faisait nuit, dans un village à part, brûlé auparavant, et nous avions alors récupéré six familles ayant « osé défendre les autres », sans se rendre et en attaquant des Entités plus tôt. Malgré le fait qu'on n'était jamais mis au courant des politiques actuelles, on connaissait ce qui se passait dehors, en visitant des villes, des villages, cachés. Cela dit, on avait eu vent d'un groupe particulier, au courant de l'existence de L'Ordre. Car oui : ce n'était qu'une rumeur pour beaucoup. Personne ne savait qui nous étions, sauf eux. Mais ils restaient cachés. Le seul nom qu'on avait était celui de Jason Storm, un Gijinka Libégon menant son propre groupe contre le notre, celui nommé « Ordre Blanc ». Et ils connaissent qui je suis. J'avais déjà eu affaire à eux dans une embuscade, face à quelqu'un dont je ne préférais pas revoir, et mon arrogance m'avait perdu ce jour-là. J'avais été vaincue ce jour-là, mais sauvée par mon frère, in-extremis. Bref, je m'égare encore.
J'avais tué la première famille sans aucun scrupule comme toujours. Puis la deuxième. Puis la troisième, mais... En arrivant à la 3ème, j'avais posé mon regard mortel une petite Gijinka Draco, en train de pleurer. Elle était suppliante, tout comme sa famille. Elle devait avoir 12 ans tout au plus, et... Je commençais à réagir. Je l'avais regardée longtemps, comme si je réfléchissais...
Dois-je la tuer ? Qu'est-ce qui m'arrive... ? J'avais subi pareil, mais je m'en souvenais pas. Mais la Substance Noire agissait encore. Rien n'y faisait, je l'avais tuée de sang-froid. Mais je sentais mon âme reprendre le dessus progressivement. Je continuais à marcher. La 4ème famille me faisait douter un peu plus de moi-même. Puis la cinquième... Et la dernière. Il ne manquait plus qu'un ingrédient pour me faire reprendre conscience. Une autre Gijinka Latias, qui devait avoir 20 ans maximum. Elle ne bronchait pas, et avait commencé à m'insulter. Malgré les nombreuses mises en garde de ses parents, je n'avais pas réagi. Je la regardais longuement. Elle me fixait, sans ciller. Elle me hurlait dessus, et me demandait surtout pourquoi je tuais mes semblables. Elle continuait, quand d'un coup, j'avais eu un choc. Je me rappelais d'un coup de tout, suite à une phrase de sa part.
« Ma famille te maudira de là où nous serons quand nous rendrons l'âme. Je n'ai que faire de mourir. Tu n'es qu'une traîtresse, tes parents devraient être fiers de toi, aussi vile que tu es, aussi terrible que tu es, aussi... Exécute-nous et nous te hanterons jusqu'à la fin de ta vie, tout comme toutes tes autres victimes. »
Elle s'arrêta une bonne fois pour toutes quand son père lui bouscula pour qu'elle s'arrête. Mais moi, j'avais repris conscience. Mon âme était à nouveau libre... Et je pouvais me sentir libre à nouveau. Mais je me voyais. Tous mes vêtements étaient tachés de sang. Mes mains étaient toutes rouges, et je commençais à pâlir. En voyant tout ce que j'avais fait quelques minutes avant, je m'étais effondrée. J'avais fait je ne sais combien de morts, de familles détruites, de vies fauchées, il aura fallu attendre 15 ans. J'avais honte de moi, honte de ma faiblesse. Je la regardais, et pleurais. Elle avait raison. Je n'ai fait que trahir ma race. Mes parents... Je... Quand maintenant, j'y repense, je pleure aussi. La faiblesse, c'est de ça qu'ils se sont servis pour m'asservir, moi et mon frère. Mon frère, voyant ça, avait accouru pour me chercher. Il ne me ménagea pas avant de me frapper brutalement au front, me mettant KO. La dernière chose que j'avais entendu, c'était un cri strident venant sûrement de la jeune Latias qu'il venait d'exécuter. Par la suite, j'avais fait d'horribles cauchemars, j'avais l'impression de revoir tous les meurtres que j'avais commis en 10 ans... Et surtout, j'avais fait exprès de rater Draco-Météor sur d'autres maisons, mais maintenant, il fallait que je joue le jeu pour pas avoir de soucis supplémentaires...
Et voilà, tout ça pour dire ce que je suis devenue aujourd'hui. Je suis devenue une monstre arrogante et psychopathe durant 15 ans. Mais je me suis libérée de l'emprise de la Substance Noire. Ils ont essayé de m'en ré-injecter. Mon corps a réussi à la refuser. Mais j'ai fait « genre » je suis redevenue méchante et fourbe. C'est passé crème. Mais les chefs préfèrent maintenant me laisser en retrait pour éviter que ces souvenirs remontent.
Hélas, la Substance Noire m'a beaucoup affecté, si bien que ça s'en ressent sur mon comportement. Je suis asociale, je suis renfermée, et quand un souci éclate, je réponds bien souvent par la violence, bien trop souvent. J'ai horreur qu'on insulte mon frère, qu'on lui fasse du mal, ou qu'on ose le rabaisser. Je suis aussi arrogante au possible, me vantant souvent, surtout de ma puissance. Et pour ce qu'ils ont fait à ma famille, à présent, je hais 19 et 7 de toutes mes forces. Mais je n'ai que peu d'amis, même parmi les Entités... Mais quand j'ai la confiance de quelqu'un, ou que j'ai un ami, je ne suis plus renfermée comme ça. Il m'arrive même des fois de parler des heures avec le peu d'amis que j'ai ! J'aime surtout mon frère, et c'est que pour lui que je veux à présent me battre. J'espère le libérer de cette emprise néfaste assez vite, au vu de ma rechute, j'espère sincèrement qu'ils ne m'injecteront pas au cœur la Substance Noire. Car s'ils font ça, quoique je fasse, elle sera à vie en mon âme, incrustée dedans, et la seule chose qui pourra me stopper, c'est ma propre mort. Il fallait prier...
Mon frère ne savait pas que je pleurais cela dit. Je pouvais sentir qu'il pensait que j'étais bien « 22 ». J'ai toujours voulu un surnom plutôt que 22. Certains en ont, comme 7 ou 19, mais pas moi ni mon frère. 7 lui, se surnomme Isao. 19, elle, est surnommée Wynn, mais moi, personne ne trouve un qui me plaît bien, pas même moi. En vrai j'suis sûre que je n'ai pas besoin d'eux pour m'en trouver un. Hmmm... Shade ? Aiona ? Kura ? Stellie ? Ces 4 là m'intéressent, mais je sais pas lequel prendre bon sang...
Bref, à force de parler avec mon histoire, je me suis fatiguée pour rien. De toute façon, nous étions rentrés, après une longue heure de vol. Mon frère était entré le premier, tout en déposant le garçon au sol le temps d'enlever ses lunettes, tout comme moi. Le garçon était toujours inanimé, mais vivant. La base passait pour un grand complexe circulaire, un Quartier Général, mais militaire, et caché sous la terre, à 20 mètres de profondeur. Il n'y avait qu'un puits au milieu de l'endroit où on était, de mémoire un trou perdu entre Célestia et Vestigion. Là où personne irait chercher, en somme.
Il fallait entrer un code secret que seuls les Entités connaissaient. Une fois entré, le puits avait disparu dans le sol, avant de laisser place à un ascenseur caché. Nous étions rentrés dedans, le garçon dans mes bras cette fois. Je l'observais longuement, il était si jeune et avait l'air si... innocent... Il allait devenir un monstre si je ne faisais rien. Mais je ne pouvais rien faire, sinon j'étais une Entité hérétique, et donc je ne récolterais qu'une seule récompense pour ça : la mort.
Après quelques minutes, nous avions fini par arriver dans la base. Mon frère s'était empressé de dire que la mission fut un succès, et qu'en plus de cela, j'étais redevenue comme avant, haineuse, tout ça et tout le baratin. Wynn s'était approchée de l'enfant, et donc de moi. Elle souriait, j'étais sûre qu'elle le tuerait si l'ordre lui était donné de le faire cela dit. En plus d'être une garce, elle était peu scrupuleuse, des fois pire que moi encore. Elle avait fini par le prendre, et à l'amener en salle de tests, sans même m'adresser un regard. Il devait être minuit passé, j'étais complètement crevée, je voulais juste me jeter dans mon lit pour dormir, aux côtés de mon frère. Je regardais ma Méga-gemme autour de mon cou, et je continuais de penser à la même chose : fuir très vite. Je ne voulais pas rester une seconde de plus. Mais, soudainement, je ressentis quelqu'un dans mon dos, et il se mit à parler d'une voix doucereuse.
« - Une nuit bien froide pour un mois de Mai, n'est-il pas, 22 ?
C'était Isao. Il était encore réveillé alors qu'une grande partie des Entités dormaient, à cette heure. Il tenait un café dans sa main. Il avait les attributs d'un Amphinobi sur son corps humain : un masque de ninja sur la partie inférieure du visage, et des yeux bleus. Sa chevelure noire était un peu frisée. Il avait une écharpe rouge-rosée autour du cou, et portait un kimono bleu-marine. Il avait un pantalon noir, bien propre et non troué, comparé au mien que je porte souvent... Il n'était visiblement pas disposé à dormir, cela dit, et tenait un kunai dans sa main gauche.
- Bah, cette fois je n'y ai pas fait attention. Notre objectif était bien plus important qu'une nuit froide.
- Ah ! Là je te reconnais bien ! Ria-t-il, un peu. Content de te revoir 22 ! T'imagines pas le stress de tout le monde ici quand on t'a vu disjoncter.
- Le stress pour savoir qui allait être plus fort que moi si je venais à disparaître ? Répondis-je, en toute arrogance.
- Euh... Stresser surtout parce que tu es un de nos meilleurs atouts pour tracer nos ennemis, avec ton frère vous êtes les meilleurs.
- Je me sens flattée d'entendre que je suis toujours la meilleure, merci beaucoup, fis-je, jouant encore mon autre moi.
- Tu es loin d'être la meilleure, tu le sais...
Afin de bien jouer le jeu et de faire croire à 100% que j'étais bien redevenue néfaste, j'avais provoqué Isao. Malgré tout, j'aimais bien provoquer en général, Substance Noire ou non.
- Tellement pas meilleure que j'ai botté tes fesses l'autre jour durant un combat d'entraînement alors que tu étais favori ? Tu devrais t'entraîner au lieu de raconter n'importe quoi, au lieu de boire un café, retourne t'entraîner avec ta garce qu'est Wynn ! Même elle, je l'ai écrasée, alors que son type l'avantage contre moi. Pathétique. Finalement, c'est bien que je sois à nouveau là pour vous montrer qui est la patronne ici.
Il s'approcha de moi, ayant broyé la tasse de café qu'il avait dans la main.
Gagné, pensais-je. Il avait mordu à l'hameçon et en plus il avait l'air d'être très contrarié.
Parfait, un affrontement que je peux gagner pour montrer définitivement que tout va bien. Mon frère lui, restait silencieux, et regardait la scène. Il était en train de rire doucement, après la phrase que j'avais dite à Isao.
- Qu'est-ce que tu viens de dire espèce de #!$@*!! ? T'as dit quoi sur elle ?
- Ooooh, tu veux te battre ? Type Ténèbres ou non, je t'enfoncerai mes griffes dans les yeux, puis je boirai ton sang après t'avoir empalé le cœur ! Wynn n'est que la pire des garces, c'est une conne, juste une #!$@*!! qui roule des pelles quand elle en a envie. Tu appelles ça une petite amie ? Il y avait bien meilleur choix, quelle tristesse.
Isao se retint de me frapper. À vrai dire, il pouvait le faire. C'est exactement ce que je voulais. Lui montrer que j'étais la plus forte, mais d'un seul coup, je sentis quelqu'un dans mon dos. Puis j'avais senti une lame noire passer devant moi, s'arrêtant au niveau de mon cou. Une voix assez familière se fit entendre derrière moi.
- Tu as osé m'appeler comment ? Disait-elle.
- Hé, relax, avais-je répondu, ironisant la situation. Les chefs ne voudraient pas que je sois blessée, ma chère Wynn...
- Va dire ça à quelqu'un d'autre sale chienne ! J'en ai ras-le-bol de toi ! Je t'ai éduqué, entraînée et c'est comme ça que tu me remercies ? Peut-être est-il temps que tu manges le sol pour te montrer qui tu dois respecter ici. »
Elle avait repoussé son petit ami, et s'était mise en pose de combat, sa faux noire à la main. Moi, je m'étais simplement mise en pose habituelle, poings fermés, sourire aux lèvres. Je faisais briller mes yeux. J'avais remis ma jupe correctement, même si c'était pas fait pour se battre, j'aimais bien la mettre. D'autres gens de la base étaient arrivés, et d'autres Entités étaient venues acclamer le match qui n'avait pas encore commencé. Certains hurlaient « allez 19, montre-nous ta force ! Montre-lui qui est la patronne ! ». Elle était populaire, plus que moi c'était sûr. D'ailleurs, elle avait pas l'air contente, vraiment en colère cette fois. Tant mieux. Autant que je suis maintenant normale, j'adorerais toujours l'envoyer mordre la poussière. Cela dit cette fois, elle s'était mise à toucher directement son pendentif autour du cou, une pierre noire et blanche. Elle avait toujours ce joyau, une Absolite, lui permettant de prendre une forme bien plus puissante avec deux faux plutôt qu'une. Elle avait une corne atteignant son menton en formant un arc-de-cercle. Ses yeux étaient rouges aussi, comme ceux d'un Absol. Sa chevelure blanche était courte, et une petite mèche noire rappelait la corne de sa race, malgré le fait qu'elle avait déjà une corne. Elle avait une petite veste blanche, constamment ouverte, laissant paraître son soutien-gorge fait de bandelettes blanches, ainsi que son ventre, sur lequel il y avait cette balafre faite par un autre Gijinka lors d'un combat. Au niveau des manches se situait de la fourrure blanche, et elle portait des gants noirs. Son short noir était lui aussi entouré de fourrure blanche, et son short était retenu par une ceinture grise assez grosse. Elle portait une cape blanche à l'arrière de ses jambes, qui partait du short pour atteindre presque le sol. Elle avait deux longs bas blancs-neige. Sa faux quant à elle était très grande, elle faisait sa taille, et était d'un noir très pur, avec trois griffes noires sur le manche. Elle pouvait changer la forme de sa faux en lame noire telle une épée avec son manche, mais la forme de la faux provoquait une lame courbée plutôt que droite. Elle avait reprit la parole, pendant que je réfléchissais à comment je vais lui faire bouffer le sol.
« J'ai longtemps été gentille avec toi, mais prépare-toi à goûter à ma vrai puissance ! Tu regretteras tes paroles ! »
Je m'étais mise à rire. Elle venait de changer d'apparence, pour avoir une corne bien plus grande, montant vers le haut cette fois et se courbant autour de sa tête, avec sa chevelure devenant descendante jusqu'à la hanche, et son pull qui devint plus large. Elle gagnait l'usage d'une seconde faux et elle était pour moi au maximum de sa puissance. Elle se mit à hurler à la fin de sa transformation. Son hurlement se rapprochait de ceux des Absol quand ils Méga-Évoluent. Et je devais admettre que c'était impressionnant. Une flamme arc-en-ciel se forma au-dessus de son front. Elle se mit à sourire, et à brandir ses deux faux. Elle était vraiment prête à se battre. Je n'attendais que ça.
« Attends ma petite, disais-je. Laisse moi te montrer ma puissance, j'aurais pas besoin de force pour te mettre au tapis. »
En toute arrogance même si Wynn était très avantagée et plus forte que moi, mon frère me lança une pierre bleue et blanche, qui doublait mon pouvoir : La Rosée Âme. Je ne pouvais pas me servir de ma Latiasite, alors je faisais avec la Rosée Âme à la place, tout le temps. Je n'arrivais pas encore à trouver un équilibre en moi qui me permettrait de prendre une forme plus puissante. Elle devait sûrement augmenter ma puissance, mais pas autant que la Rosée Âme selon moi. L'objet brillant d'un éclat fort, j'étais prête. Je lui avais laissé le premier coup, et elle avait utilisé Vibrobscur en faisant un coup de faux dans le vide. Facile à esquiver, je sautai par-dessus, et utilisai Dracogriffe à répétition vers les jambes, les bras puis le torse. Elle avait tout esquivé, et avait répliqué avec Tranche dans mon dos. Ça faisait mal, mais pas question d'abandonner. Elle commença alors à exécuter une danse avec ses deux faux. Danse-Lames. Elle devait sourire à l'idée de me trancher un membre avec ses faux, j'en étais sûre.
J'avais alors pris mon envol dans la pièce. J'avais commencé à me concentrer afin d'augmenter mon attaque spéciale. Je ne pouvais pas utiliser Draco-Météor dans la pièce, trop puissant, ça la tuerait sur le coup ainsi que beaucoup d'autres. Pourquoi j'avais pas appris Dracochoc franchement... Qu'est-ce que je pouvais être idiote par moments. J'étais donc limitée à Ball'Ombre. Wynn continuait de me lancer des Vibrobscur, et même sa faux des fois, tentant de me faucher en vol, mais elle n'y arrivait pas. Mais elle avait fait quelque chose d'un coup que je n'avais pas vu venir. Pendant que j'esquivais, j'avais chargé une Ball'Ombre, boosté par la Plénitude. Le corps fragile de Wynn n'aurait pas encaissé l'attaque à coup sûr, mais au moment d'abattre ma main sur elle avec la Ball'Ombre, elle la bloqua avec Détection. Ça m'avait surpris, elle maîtrisait pas cette attaque avant, et elle l'avait sûrement apprise pour me donner du tort exprès, j'en suis certaine.
« - Eh bah alors, on ne sait pas qu'une Absol peut apprendre Détection ? Pauvre petite fille ! J'espère que tu l'as vu venir, ce désastre !
Elle avait alors pris sa faux, et la « morphologie » de son arme (oui ça se dit pas mais j'suis pas forte en français, vous moquez pas) changea pour prendre la forme d'une lame légèrement arrondie et très fine, avec un plus long manche, et les trois griffes étaient passées au niveau de la lame tranchante. Son autre faux en fit de même, et d'un seul coup, elle m'avait mit un violent coup très rapide malgré le poids et la taille de cette faux dans l'abdomen avec le dos de sa faux qui se mit à luire, et la puissance augmentée par la Danse-Lames me fit reculer de plusieurs mètres jusqu'à percuter le mur derrière moi. C'était Coup-Bas, je haïssais cette attaque au plus haut point. Je crachais un peu de sang, la douleur me faisait mal et le coup bloqua ma respiration quelques secondes. Mais l'impact contre le mur avait craquelé le mur en béton, et la poussière m'enveloppa progressivement. Je pouvais alors me cacher à l'intérieur de cette épaisse fumée, et alors me rendre invisible grâce à la Rosée Âme, permettant à mon duvet de me rendre ainsi, assez longtemps pour pouvoir me cacher d'elle. M'extirpant de cette poussière, je la vis me chercher à travers le nuage, et elle tenta même de planter la lame dans le vide pour voir si j'étais pas là. Mais elle ne me voyait pas, tant mieux, j'avais envie de lui montrer comment je m'occupe de ceux ou celles qui me font des coups bas.
- Où es-tu vermine, tu as eu peur ? Ou tu as encore besoin de ton frère pour te défendre ? Ricana-t-elle, jouant avec ses deux faux.
- Je ne suis jamais très loin de toi, répondis-je, mais... Tu devrais faire gaffe à ton ventre...
- À mon ventre ? S'interrogea-t-elle. Mais de quoi tu p-
J'étais en train de foncer tout en lévitant au sol, prenant assez de vitesse pour créer un effet de surprise. Au moment où j'étais redevenue visible, elle ne pouvait plus rien faire, et je lui avais mis un coup de genou très rapide dans le ventre (en même temps je lui avais envoyé une Ball'Ombre à la puissance augmentée pour l'étourdir, et ça avait marché) et ma vitesse l'écrasa contre le mur dans lequel elle m'avait envoyée. Elle cracha du sang aussi, tachant mes habits. C'était écœurant, sérieusement elle aurait pu cracher ailleurs, #!$@*!! ! Elle n'arriva pas se relever, et je l'avais bloquée une bonne fois pour toutes avec une Ball'Ombre sur la tempe. Si elle bougeait, elle crevait. Mais je savais que ce n'était pas à faire. Sinon, c'est moi qui en paierait les conséquences. Mais bon j'avais des choses à faire, c'était pas le moment que je m'attire encore des emmerdes...
- Au moindre mouvement, tu crèves, à ta place, j'abandonnerais, repris-je.
Elle se leva difficilement, ses faux étaient à terre. L'une d'entre elles avait soudainement disparu du sol, dans une poussière noire rappelant l'obsidienne. Elle se mit à m'insulter de tous les noms possibles, avant de se remettre debout, avec une plaie sur son ventre et une balafre saignant encore sur son visage. Elle peinait à se mettre debout, mais me fusilla du regard un peu plus chaque seconde. Elle continuait de tousser un peu de sang. Moi-même étais blessée, avec une plaie assez grande sur mon ventre, mon avant-bras avait une entaille qui saignait encore, et j'avais une petite balafre sur le bras. Elle ramassa péniblement sa faux qu'elle rétracta avant de la mettre autour d'elle, et reprit son apparence d'avant. Elle reprit la parole, en toussotant un peu.
- T'as eu de la chance cette fois, je te jure, ton invisibilité est un truc de faible. Mais ça tombe bien, tu es faible. C'est tout ce que j'ai à te dire.
- Tu me l'as dit environ... ah non, j'ai arrêté de compter depuis le temps... Et puis, tu pressens les désastres, je n'ai pas ce pouvoir, est-ce que je viens à m'en plaindre ? J'peux me rendre invisible, tu peux pas, si tu veux je peux te faire un bisou magique !
- Provocatrice comme toujours, rétorqua-t-elle, en me repoussant en arrière brutalement. Ça te perdra un jour, comme ton arrogance. J'espère être là ce jour-là pour te voir crever, me suppliant de t'aider pendant que tu quitteras lentement ce monde.
- Quand je crèverai, je te donnerai mon bonjour en haut vu que tu y seras sûrement arrivée bien avant moi !
Elle tenta de se ruer sur moi à nouveau, mais une douleur à la jambe gauche paralysa son mouvement, dans un petit cri. Pathétique. Cela dit, d'un seul coup une voix grave et forte résonna dans la salle. Il était un des Généraux qui nous donnaient des ordres, en l'occurrence, un humain, qui s'appelait « Commandant Stones ».
- J'en ai plus que ras-le-bol de vos conneries les Entités, hurla-t-il, comme toujours. Chaque semaine, c'est toujours vous deux, les deux garces, qu'on arrête pas d'entendre ! Alors vous allez disposer, la fermer et arrêter de vous battre, j'en ai marre de ne plus m'entendre dans mes conversations à cause de vous ! Et surtout, 22... Prétendre que tu es la plus forte constamment agresse mes neurones et mon cerveau. Tu n'es qu'une Entité de 3ème Période, la plus forte jusque là, mais toutes celles qui sont des Périodes 4, 5, 6, et 7 et au-delà sont plus puissantes que toi. Attends de les côtoyer, tu verras vraiment ce qu'elles valent au combat comparé à toi. Alors reste à ta place avant que l'envie de te tirer une balle dans l'aile me prenne.
Si Wynn ne disait rien, moi j'appréciais pas ce gros plein de soupe. À vrai dire, personne ne l'aimait vraiment. Il était le chef de cette base, envoyé par notre vrai supérieur, celui que je considérais comme légitime : Zêta, alias Entité 91. Lui n'était pas fort, il était au-dessus de ça. Il... Il paraissait invulnérable, invincible, n'ayant perdu aucun de ses combats. Il était assez « nouveau » d'ailleurs, étant donné qu'il n'était là que depuis à peine un an. Mais celui qu'il nous avait envoyé là, le gros gars... Déjà qu'il était insultant, il était aussi gâteux, chiant au possible, et hargneux envers à peu près tout le monde ici. J'étais à peu près sûre que s'il n'y avait absolument personne ici, il serait toujours comme ça. Il ne faisait que se plaindre, et c'était un peu notre seul point en commun.
Et personnellement, je connaissais effectivement parmi les Périodes 4 à 10 quelques Entités allant du chiffre 30 à 91 inclus. J'ai jamais eu l'occasion d'en voir une au combat. Je ne les voyais que dans le QG que rarement, étant plus occupées avec leurs propres soucis, problématiques et plans. Je rêvassais toujours par rapport à leur puissance, bien que certains me rabaissaient en disant que j'étais faible, et que Wynn l'était tout autant mais que diable, j'étais une Latias humaine, j'étais déjà bien plus puissante que tout le monde ici, et surtout je voulais juste que ce gros con me respecte, bordel ! Seul mon vrai supérieur, NOTRE vrai supérieur nous témoignait du respect ! En tout cas bien plus que c'est abruti de Stones.
Wynn partit dans sa chambre avec Isao, pendant que tout le monde présent parti se coucher, tout en me fusillant du regard, et à mon avis, elle allait passer un certain temps dans son caisson de régénération avant de pouvoir dormir.
Tant mieux, ça l'apprendra.
J'allais me barrer aussi, quand le Commandant m'interpella subitement.
- Oh, j'oubliais. Au vu de ta rechute, l'Entité, tu vas devoir me suivre pour l'injection au cœur. Après concertation avec les autres Généraux, nous n'avions pas envie que cela se reproduise à nouveau, alors nous avons décidé de l'injecter dans votre cœur directement cette fois.
HEIN ? Je m'attendais pas à ça du tout, genre vraiment. J'ouvris le dialogue, sous le regard de mon frère, lui aussi surpris.
- Commandant Stones, la rechute n'a plus eu lieu depuis une semaine, je me sens à nouveau possédée par ce feu meurtrier en moi. M'injecter plus de Substance Noire risquerait de me tuer !
- Les Scientifiques présents ici sont clairs à ce sujet, rétorqua-t-il. C'est sans danger, avec un taux de réussite à 84 %.
- Il reste quand même 16% d'échec, Commandant ! Ma perte serait quelque chose de grave pour vous, pensez à ce que pourrait dire vos supérieurs s'ils apprenaient ça ! Il est hors de question que je me laisse injecter ça, Commandant. Vous m'avez bien vu agir aujourd'hui, en bombardant une maison, en mettant à terre comme toujours Wynn, cela ne vous montre pas que je suis bien revenue parmi vous ?
- Je ne veux rien savoir. Je t'attends dans une heure dans la salle d'expérience 4. Je refuse de prendre d'autres risques. Et dans le pire des cas, tu n'es pas irremplaçable ! Grondait-il. Mais, dans le meilleur des cas, ta puissance serait décuplée par trois, et là, tu serais même plus puissante qu'une Entité de 10ème Période, au même niveau que ton supérieur. Ce n'est pas ça ton souhait, le pouvoir, la puissance ?
Mon frère, au début, avait l'air rebuté par cette idée, mais en entendant le fait que j'allais devenir réellement la plus puissante fit ré-apparaître une bonne mine sur son visage. Mais puissance ou pas, je ne voulais pas rester à vie insensible, je voulais partir.
Pourquoi ça m'arrive ?, pensais-je. Mon frère m'enlaça, et il avait l'air fier de ce que j'allais subir...
- Petite sœur, tu imagines ? Une telle puissance ! Personne ne serait plus forte que toi ! Ce n'était pas ton rêve ?
- Frère... Je ne veux pas te perdre..., répondis-je, en pleurant des larmes de couleur noir. Tu es la seule personne que j'apprécie fort ici, je ne veux pas te perdre, ni que tu me perdes...
- C'est que des statistiques barbantes, tu dis toujours ça ! Coupa-t-il. Tu es déjà forte ma sœur... Nous serons les plus forts de tous les Gijinka de ce monde, nous serons invincibles ! Si ça marche, je te suivrais, je te promets. Nous serons les plus puissantes Entités... Ça me fait tant rêver moi-même !
Je séchais mes larmes. Je ne voulais pas que ça m'arrive. Mais si je désobéissais, je serais immédiatement emmenée à l'expérience. Je ne voulais pas y aller. Je ne voulais plus être 22. Plus. JAMAIS.
- Non, mon frère. Pas cette fois. Il n'est pas question que je subisse ça. Si tu veux m'affronter pour m'y forcer, alors viens, je t'attends !
- Navré ma sœur, mais je n'en aurais pas besoin... »
J'allais reculer un peu quand une fléchette me toucha dans le bras. Mes yeux s'écarquillèrent en voyant qu'un liquide orangé entra en moi. Regardant Stones, je venais de comprendre avec inquiétude : il avait tiré avec son fusil tranquillisant vers moi. Je sentais alors la fatigue venir, avant de m'effondrer au sol. La dernière phrase que j'avais entendu de mon frère, c'était :
« - Ne t'en fais pas, 22. Nous nous reverrons dans une heure. Je t'aime, petite sœur. J'ai hâte de te revoir dans toute ta splendeur, avec ta puissance décuplée. À plus tard... »
Je sentais que ça allait mal se passer. Était-ce fini, déjà ? Une semaine et c'était déjà terminé ? Je n'ai même pas pu me défendre... Je ne suis pas faible... Je n'étais... pas... si... faible...
Grand Frère... Aide-moi... je... t'en prie...
*****
Je m'étais réveillée après beaucoup de temps. Des minutes, des heures ? J'en savais foutrement rien, j'avais temporairement perdu la notion du temps. Je me rendais compte que mes lunettes rouges étaient sur mon visage, et qu'ils avaient retiré ma jupe pour mettre mon pantalon noir quelque peu troué. Mais tous mes autres habits que j'avais avant de tomber dans les vapes sont restés sur moi. J'étais dans un cylindre géant, je dirais dix mètres de haut avec un diamètre de quatre mètres. Je flottais dans un liquide bleu qui m'entourait, et une transfusion était juste en-dessous de ma poitrine. Je ne pouvais même pas me débattre, j'étais attachée. Le cylindre dans lequel j'étais était au centre d'une pièce ronde, et je pouvais voir mon frère me regarder en contre-bas. Je voyais aussi Isao, Wynn, avec un sourire en coin, et d'autres Entités. À ma droite, je pouvais apercevoir une grande porte de sortie, et à gauche, il y avait la salle de contrôle des machines. Je me souvenais de cette salle, une grande salle dans laquelle torture, interrogatoires et injections étaient effectués. Mon frère me regardait avec un air bien plus sérieux que les autres et Isao lui avait l'air d'en n'avoir absolument rien à carrer. Je tentais de me débattre, mais rien à faire. Je pouvais plus rien faire, j'étais bloquée. Il n'y avait aucun espoir de me libérer à présent. Je sentais mes larmes couler sur les joues, malgré mes lunettes et l'eau environnante. Il y avait quelque chose qui traversait mon âme à ce moment : la tristesse, et le désespoir. J'étais perdue.
Alors que je voyais plusieurs voyants au vert pour lancer l'injection au cœur, une violente explosion retentit. La salle s'était mise à trembler violemment, mais pas assez pour enlever cette saloperie de tube connecté à mon cœur. Bordel, je savais pas ce qui s'était passé, mais tout le monde en bas était secoué. Puis d'un seul coup, une série d'explosions se fit entendre, et le plafond commençait à se fissurer. Je comprenais pas ce qui se passait, quand le tube commença à se fissurer aussi. Wynn, l'ayant remarqué, hurla :
- Le tube commence à se détacher, refixez-le et allez me colmater cette brèche au plafond !
- Négatif ! On a un problème plus urgent !
Coupée par le Commandant Stones, Wynn ne comprit pas ce qui se passait, mais de là où j'étais, j'avais compris : Le réacteur énergétique de la base était attaqué, et il commençait à entrer en surchauffe. Le souci était qu'il était à côté d'une réserve d'explosifs, qui avait sûrement dû exploser. La structure de toute la base risquait d'être fragilisée, mais bon, tant que....
- COMMANDANT ! Les piliers retenant la base ont été attaqués ! C'est sûrement une attaque simultanée, pour faire autant de dégâts en si peu de temps !
- Voyants dans le rouge, Commandant, continua un technicien humain. Le réacteur va imploser, et son explosion sera assez puissante pour détruire la réserve explosive, ça risque de détruire une grande partie de la structure principale, si ce n'est toute la base elle-même ! Il faut évacuer, c'est trop dangereux ! »
Le commandant Stones, lui, n'avait pas la même oreille. Il envoya Wynn voir ce qu'il se passait, ainsi que mon frère. Isao était resté là, tout en évitant les débris tombants du plafond. D'un seul coup, une autre explosion retentit. Elle fractura le plafond qui s'effondra violemment dans la salle, mais pas toute. La salle de commandes fut détruite par l'effondrement, et Stones fut enseveli, probablement mort sur le coup. L'alerte avait retentit, donnant l'ordre à toutes les Entités de partir vers Frimapic, dans l'autre base. La base n'a jamais été attaquée ainsi, ça devait sûrement une attaque prévue de longue date, mais par qui ? J'en savais absolument rien. Ça ne pouvait pas être l'Ordre Blanc... Le tremblement assez violent cette fois brisa le tube dans lequel j'étais, et le tuyau relié à mon cœur se détacha. J'avais alors chargé une Psyko assez puissante pour briser tous mes liens, et ceux-ci éclatèrent dans toutes les directions. Mes ailes me permettaient de rester en l'air, je fus enfin libre.
Mais soudainement, Isao sauta vers moi, deux kunai dans sa main gauche et un sabre dans l'autre. Il m'envoya sans prévenir un Sheauriken qui passa tout près de ma joue gauche, et pris la parole :
- Alors, réglons notre petit litige de tout à l'heure. Mais avant, laisse-moi donc te capturer, ce serait dommage que tu t'enfuies !
J'avais pas mes dagues cette fois et j'étais affaiblie physiquement et mentalement pour en former, mais lui avait ses Kunai. Plutôt que de la jouer risquée cette fois, j'avais préféré rester sur la défensive. Mes anciennes blessures me faisaient un peu mal, mais ça allait. Je soignais progressivement mes plaies avec Soin pendant qu'il me jetait des kunai et des Sheauriken dans ce décor en ruine. J'esquivais tout, mais je faisais quand même attention aux Vibrobscur et Tranche-Nuit qu'il pouvait utiliser. Mais fallait que je fuie en vitesse aussi. J'avais une fenêtre, fallait pas la rater... C'est alors qu'il avait subitement disparu, et ce rapidement, pour réapparaître dans mon dos, alors que je volais, pour exécuter une Tranche-Nuit après son Ombre Portée que je n'avais pas vu venir. Je sentis la peau dans mon dos s'ouvrir tellement l'attaque fut violente. Elle me ramena violemment au sol, m'écrasant sans pouvoir rétablir ma portance à temps. J'observais alors Isao atterrir au sol sans accrocs malgré le fait que le sol soit complètement détruit et parsemé de débris. Il enfonçait son pied sur moi, me faisant toucher le dos contre les pierres, et c'était douloureux...
- Alors ? Tu ne sais plus comment respirer ? Allez, je t'aide : inspire, expire...
Il bloquait ma respiration, je pouvais plus rien faire. Mon psychisme était bloqué, ma Ball'Ombre ne lui ferait pas grand chose. Je ne voulais pas blesser Isao, juste partir d'ici. Mais je n'avais plus le choix. Ma main encore libre n'était pas bloquée, alors j'avais fait apparaître mes griffes, chargé Dracogriffe, et griffé le visage d'Isao. Celui-ci avait libéré son emprise sur moi pour hurler de douleur, mais j'étais si énervée contre lui que je n'avais pas réfléchi. Il se mit à charger sur moi, et dans le peu de forces qu'il me restait, j'avais bloqué avec mes deux mains avec des Dracogriffes au bout, reculant et à bout.
- Abandonne Isao, je t'en prie ne me force pas à faire ça ! Hurlais-je de désespoir.
- Sale garce ! J'vais te tuer, on se contentera de trouver une autre Latias Gijinka ! T'as toujours été la plus faible de toutes, j'ai jamais compris pourquoi ils t'aiment plus que nous ! Mais c'est fini. Après ta mort, je prendrais cette Substance Noire dans mon cœur, et je tuerai ton frère. Alors Wynn et moi serons les plus forts !
Je faiblissais de plus en plus, et j'avais plus le choix, mais je ne voulais pas faire ça. Je le suppliais, mais rien n'y faisait... Il n'avait plus l'air d'être lui-même, ses yeux devenant entièrement noirs...
- Isao, ARRÊTE ! JE T'EN SUPPLIE !
- Crève ! »
Mes yeux se mirent alors à briller.
Tant pis..., fis-je, dans mon esprit. Je n'avais guère le choix. Je fis un salto arrière pour reculer, et formai dans ma main une sphère orangé concentrant le peu de puissance qu'il me restait. Il allait se ruer sur moi mais voyant la sphère, il compris que tout était fini, aussi commença-t-il à reculer. Je ne pouvais pas annuler l'attaque... Alors je lançais Draco-Météor. J'avais plus le choix, c'était lui ou moi. La boule que je lançai dans les airs explosa en plusieurs météores dans un vacarme assourdissant, qui tombèrent dans ce qu'il restait de la base. Isao n'a pu que se défendre, et d'un coup, j'entendis un hurlement puissant venant d'Isao. La poussière suite aux chutes de météores se dissipa. Isao était... traversé par un des météores...
Non, je...
« - Wynn... te tuera... Elle... S'occupera... de toi, jusqu'à... j... Je... »
Il termina sa phrase dans un râle. Je peinais à croire ce que je voyais. Le météore l'avait traversé. Il était... parti... Je ne voulais pas le tuer... Non... Isao...
J'avais hurlé de rage. Hurlé de rage contre moi. C'était à cause de moi s'il était mort.
Je voulais pas le tuer. J'ai été arrogante avec lui tout le long. J'ai toujours pensé que ce type était au fond quelqu'un de bien, c'était cette foutue Substance qui l'avait corrompu. Isao n'était pas mon ami, et même si on ne s'entendait pas trop, je... Je ne savais pas, mais je me haïssais pour ça. La rage laissa place à la colère en moi. Mais je n'avais plus le temps. J'étais à peine en capacité de rester éveillée et il fallait que je file. Wynn et mon frère n'étant pas revenus, j'avais préparé un sac à l'arrache. Un peu d'argent, de la nourriture et une bouteille d'eau. J'avais volé la Rosée Âme avant de partir, ainsi que quelques vêtements et j'avais pris mon envol très difficilement par la suite. J'avais pris la direction d'Unionpolis, mais je savais que je ne pourrais pas atteindre la ville sans me reposer. J'étais complètement épuisée et trop blessée. Il fallait que je me déguise en humaine, mes ailes noires m'auraient cramée de suite sinon. J'étais à peu près sûre qu' en arrivant dans une ville comme ça, je me serais faite arrêter de suite. Je m'étais donc envolée avant de viser un endroit calme plus loin de la base, entendant au loin le cri de Wynn, imaginant sur son visage l'effroi de la scène. Je pleurais aussi.
Maintenant, j'étais Shade, 22 n'était plus. Mon frère...
J'espère que tu t'en libéreras...
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Entité 21, Frère D'Entité 22
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