Par contre, je ne maîtrise pas trop les codes de ce genre de forum donc désolé pour la mise en page. J'espère que les pages et les pages que vous allez bouffer ne seront pas trop désagréables mais au pire, prenez cela comme un petit point d'information !
Si vous avez des questions, n'hésitez pas et je pourrais même inclure des réponses dans des chapitres prochains, ou dans des « épisodes spéciaux », comme des épisodes fillers de Naruto ! Je répondrai déjà à l'une d'entre elles ici et de suite : non, la plupart des choses que vous lirez sont bel et bien inspirés de l'univers des jeux mais fatalement, y a quelques libertés, comme on ne connait pas tout !
Thème principal du Premier Livre - Oh, Grey Warden (DAI)
https://www.youtube.com/watch?v=Bqu5GyIH0BE
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- Introduction -
A cette époque que l'on pouvait décrire comme préhistorique, la société était encore composée de quatre et de seulement quatre ordres. De quoi s'agissait-il ? D'une division nécessaire pour la stabilité du pays et beaucoup en avait accepté l'idée, les années prouvant que le système mis en place dans l'ancienne Kalos était aussi redoutable qu'efficace. Ceux-ci n'étaient pas classées par la richesse, la notion impropre n'ayant pas encore réellement de sens à cette époque, mais le classement se faisait par la vertu des êtres qui la composaient. En premier lieu, la classe la plus guerrière qui, paradoxalement, se voyait adorée et vénérée en tant que main armée des dieux et de voix du Roi. En second, les religieux qui eux-même connaissaient mille et une variantes, toujours en gardant en tête que la principale raison de leur présence était le devin Arceus. Troisième catégorie, une quasi-bourgeoisie ou plutôt, ce que l'on pourrait nommer aujourd'hui administrations, s'assurant du rapport entre la deuxième et quatrième catégorie, tout en faisant en sorte que le pays tourne correctement. Enfin, quatrième et dernière catégorie, les gens du bas-peuple qui se contentaient de vivre, tout simplement, à l'abri des dangers grâce à leurs nombreux protecteurs et qui en échangent cultiver pour la plupart la terre ou aller chasser. Ce monde n'avait plus connu la guerre depuis des années, des siècles, voire des millénaires, mais les moyens de compter étaient déjà en soit très différents que ceux d'aujourd'hui avec plusieurs calendriers qui au total faisaient apparaître un même jour toutes les cinquantaines d'année.
Oui ! Nous pouvions parler de paix véritable où l’orgueil n'avait pas sa place et l'entraide permettait à l'humain comme au pokémon d'évoluer côte à côté dans une société que certains nommeraient à tord communiste. Tous deux avaient le même statut de citoyen, statut qui primait même sur les devoirs d'une classe car tous étaient égaux face aux dieux et surtout, au titan qui les dirigeait. Plus grand, plus fort, plus sage... Même si aujourd'hui, bon nombre d'humains trouveraient cela étrange au possible, la taille moyenne dépassait les deux mètres chez les hommes et le roi, lui, avait franchi le troisième, comme une bête plus grosse que le reste de la meute pour montrer son rôle à jouer.
Oui, ce monde n'avait aucun souvenir de la guerre mais comme toute chose, son destin était de disparaître au profit d'un autre et d'évoluer, comme les humains, comme les pokémons... La seule question que le commun des mortels se posait alors n'était pas de comment ils allaient survivre au passage du Temps, gouverné par le sublime Dialga, ni même où ils vivraient demain si l'univers flanchait tout entier pour laisser place à un second, souhait qui aurait pu être formulé par le superbe Palkia. Non, les souhaits des Éternels étaient bien au-dessus de la peur qui pouvait remplir les cœurs et il n'y avait qu'une seule question : vers où les descendants de nos frères partiraient, pour un monde meilleur ou... Pire ? Comment ces pauvres âmes pouvaient imaginer cela, avec la folie religieuse qui régnait en ces ères ?
Tout cela se produisait il y a un peu plus de trois millénaires et les événements qui arrivaient changeraient à coup sûr la face de Kalos, mais peut-être était-ce là le simple souhait du très grand Arceus et de son avatar en ce monde...
- Chapitre I -
- Un bâtard en temps de guerre -
- Un bâtard en temps de guerre -
Qui était-il à l'époque ? Juste un gamin, comme tant d'autre. Son nom ? Jinkan ? Non, cela ne viendrait que bien après... L'histoire était celle d'une politique qui permettait aux gens de gagner un peu d'influence par ci par là. Surtout une histoire pour fusionner des familles comme le voulaient les dirigeants à l'époque. Moins de vassaux, moins de danger, probablement.
D'un côté, une famille guerrière, celle des Grinroth, reconnue pour fournir de bons bras au pays et à certains pays voisins, plus petits et en développement encore, pour allier le pouvoir royal à celui d'autres peuples en promettant une protection accrue. Comme n'importe qui l'aurait deviné, les conseillers venaient en grande partie de l'ancienne Kalos, une manière comme une autre de former un empire sans le dire à personne. De l'autre côté, une famille religieuse, celle des Laserian, et déjà à l'époque, les clercs ne pouvaient se marier une fois rentrés dans les ordres afin de se consacrer entièrement à leur foi. Que devenaient les autres membres de la famille ? Ils rejoignaient des familles moindres, ou bien pouvaient servir de monnaie d'échange pour quelques services ou biens. Quelque fois, les prêtres et prêtresses abandonnaient officiellement leur office pour prolonger la lignée mais continuaient, toujours aussi aimés par la population qui, même si dans un premier temps n'avait pas apprécié cette liberté, les adorait toujours autant. L'enfant qui naissait de cette liberté se voyait presque vénéré comme un descendant direct des dieux, car l'avatar de leurs choix choisissait d'offrir la vie et ainsi, ce phénomène plutôt rare rentrait dans les histoires de village dans le travail sacré que chacun de cette caste devait accomplir. Pour le bien du pays, bien entendu.
Kadvael Laserian, vite renommé Grinroth par esprit de rébellion avec les dogmes religieux trop stricts en place, était le premier fils de la matriarche d'un ordre, et le troisième enfant d'un homme aussi colossal que brutal lorsque l'alcool remplissait son ventre de sa douce chaleur. La raison de ce mariage ? L'amour ? Si tel était le cas, il n'aurait pas été annulé aussi rapidement... Encore une manœuvre politique, ou alors le dernier souhait de la mère de la matriarche disparue en donnant son rôle à sa nièce. La peur d'être seul et de ne pas avoir d'enfants à chérir à soi, avoir peur de s'occuper des marmots venant de tous les coins de ce monde sans avoir le bonheur d'être mère. Une femme rongée par le regret forçait ainsi un parent à ne pas faire la même erreur, en vertu de ses droits effectifs tant que le souffle resterait en elle. La raison de la rupture ? Ce monde n'avait jamais connu de guerre mais comme toute chose, cela devait finir un jour ou l'autre et ce contexte forçait les jeunes époux à s'éloigner.
Le roi lui-même subissait les affres du conflit. Beaucoup dans le royaume racontait que son seul ami partait sur le front pour défendre les siens mais dans ce même royaume, beaucoup n'était pas d'accord avec les événements à venir et les plaies imposées par ce genre d'épisode. L'ordre religieux des Laserian en faisait partie et les Grinroth, toujours fidèles à leur souverain, étaient donc devenus des ennemis sur le plan des idées, des stupides barbares sans cervelle qui n'accepteraient pas la vérité car au fond, ils n'existaient que pour cela, que pour une guerre que tellement de gens n'osaient imaginer. Les clercs de l'ordre quant à eux ne voyaient pas d'un bon œil le changement et les risques pour leurs privilèges. De ce jeu pour enfants qu'était le monde, la boite de Pandore s'ouvrait pour montrer à tous le cœur des humains et des pokémons qui vivaient ensemble. Suprématie de la race ou simple différence, le concept faisait vomir dans la montagne sacrée et on se croisait les bras, tentant alors d'imposer les anciennes écritures et en rappelant les légendes à ceux qui gardaient confiance en ce que leur univers avait toujours été. Un berceau de paix, un bonheur qui ne pouvait finir sous l'impulsion d'un dirigeant qu'une partie de l'ancienne Kalos appelait fou à présent.
…
« - Tu ne devrais pas voir cet homme en cachette. Il est un être mauvais et corrompu, Kadvael.
- J'en doute fort. La meilleure preuve, c'est que tu t'es mariée avec à une époque, non ?
- Ce sont des histoires compliquées à raconter à un enfant comme toi. L'amour, ce n'est pas toujours ça qui fait tenir un pays, mais je suis tout de même content que tu sois là... Ma tante n'était pas aussi gaga que ça, pour finir ! »
Un peu d'humour qui renversait l'estomac de l'enfant qui gonflait les joues. Il n'avait pas connu cette vieille femme mais il est vrai que l'on entendait souvent qu'elle délirait à la fin de sa vie avant de rejoindre ses dieux. Quant à son père, le petit boudait : il allait souvent à sa rencontre discrètement et avait découvert qu'à l'opposé de l'image de monstre corrompu par la violence et l'alcool, comme le décrivait sa mère, ce grand barbu subissait tout autant les choix des autres. Père aimant et mari exemplaire, la raison de sa transformation provenait de son premier mariage d'où il avait eu une fille et un fils, et dont la fille elle-même en avait eu des jumelles par la suite qui n'avaient que deux ans de moins que Kadvael. Cette femme que l'homme disait magnifique était morte bien avant sa rencontre avec la mère du petit, comme preuve : les deux descendants directs devaient avoir une petite vingtaine en plus que le Laserian ! La perte de la femme qu'on aime... Cela changeait tellement de choses pour un homme et pour l'entourage l'observant. Le mariage qu'il avait encore subit après sa rupture avait donné naissance à une petite fille qui avait l'âge de Kadvael, c'est dire comme la noce avait été précipitée pour s'assurer de la suite de la lignée mais comment s'en sortait-il en son for intérieur avec tout ça ?
« - Nos opinions ne sont pas les mêmes mais je vous apprécie terriblement. Non, je vous admire !
- Eh beh, gamin, t'en as des drôles de façons de parler à ton paternel !
- Ne dites pas ça ! Ce n'est pas correct !
- … Juste. C'est le frère de l'autre catin qui t'a pris sous sa tutelle aux yeux des dieux, c'est ça ? »
Les divorces, cela n'avait jamais été chose facile, et l'enfant gonflait les joues, boudait à entendre son modèle et père insulter sa génitrice tout en remettant sur la table le fait suivant, Kadvael avait été adopté par son oncle pour que la réputation des Laserian ne soit pas entachée par la vie commune aussi courte qu'intense qui le faisait naître. Joyeux bâtard et traître dans l'âme, Kadvael venait souvent ici, pour voir celui qui lui avait donné la vie avec le concours de la prêtresse souillée, ainsi que la seule famille qu'il possédait en dehors de cet « ordre bienfaisant ». Son frère aîné lui apprenait à se défendre pour ne pas être embêté par les autres, comme le voulait la classe guerrière, et les pauses se passaient avec Llewella, surnommée la Lionne malgré son petit âge car motivée comme elle était, elle menaçait d'exploser à chaque instant ! Autre chose que la chiffe molle destinée à devenir prêtre qui lui servait de beau-frère, de quelques mois son aîné seulement.
Même le géant n'acceptait pas que le petit porte son nom. Il ne gênait pas véritablement, mais les conventions... Les choses changeaient, mais lentement, et si le plus vieux de la fratrie avouait que le nom allait bien à la bouille d'ange, il ne le faisait que pour lui faire plaisir et lui donner le sourire. La seconde, quant à elle, ignorait l'enfant comme s'il s'agissait d'un mensonge. Complexe d’œdipe mal réglé et trahison imagée du père envers les siens, les vrais, pas cette pauvre tâche de Kadvael. Non, si le petit monstre venait, la raison devenait rapidement Llewella, amie et confidente, leurs balades prendraient doucement le pas sur les entraînements. Après tout, comme disait si bien sa mère, un corps ne servait à rien si l'esprit n'était pas préparé avant, et la paix de l'âme, c'était avec cette Lionne si faussement agressive que le pupitre la découvrait.
- Chapitre II -
- Les portes de l'Inconnu -
- Les portes de l'Inconnu -
La paix de l'âme, voilà un concept bien étrange qui apparaissait. La mort approchait et la question se faisait tout à fait naturellement : que se passe-t-il après ? Dans l'ordre religieux dont Kadvael faisait parti, il y avait un mélange d'anciennes religions. Les morts allaient dans un pays verdoyant pour les plus méritants, ce qui se résumait aux héros et aux rois de leur pays, ou bien dans un enfer que certains suspectaient d'être le monde actuel. Par un cercle de réincarnation incessant, les mortels devaient recommencer tout à zéro avec des visions du passé pour ceux qui s'approchaient le plus de cet état d'harmonie, comme les humains possédant des pouvoirs particuliers, ou bien quelques pokémons. Il y avait les medians, des êtres ayant choisis de revenir d'eux-mêmes plutôt qu'accepter de trôner auprès d'Arceus, afin de conseiller les nouvelles générations ou alors, dans l'esprit opposé, de finir une tâche particulière. Ce statut particulier conférait pouvoirs et souvenirs d'une autre vie qui s'accumulait à chaque apparition, offrant de possibles prophètes ou alors, de véritables démons. Les rois déchus trônaient dans cette catégorie, ceux ayant fait trop d'erreurs ou ayant vécus pour eux-mêmes au point que leurs droits divins leur soient refusés, de l'autre côté, des rois surnommés archanges, car ayant refusé leur élévation pour continuer à protéger leur peuple dans une autre vie, plus humble. Que de théorie, mais les chefs de caste étaient suspectés d'être ces anciens rois généreux, prêts à guider les leurs au cas où une icône du Mal faisait surface.
Le père de Kadvael livrait ainsi ses gênes au nom d'une sorte de roi secondaire et certains disaient, à cause de sa force et de ses réflexions, que lui-même aurait pu être l'une de ces réincarnations. La mère, matriarche des prêtres d'Arceus, pouvait également prétendre à ce stade de divinité. Quel pedigree ! Mais Kadvael refusait d'être vénéré, son statut de bâtard l'avait plutôt bien aidé pour cela. Juste un humain avec des dons, n'était-il pas plus proche du peuple qu'un souverain décédé des siècles plus tôt ? Sous la tutelle de son oncle et de son compagnon, un Alakazam nommé Foo, le jeune homme apprenait à être humble, les préceptes de sa religion et des sacrifices que sa condition imposait.
Foo était le meilleur des professeurs de par sa nature. Son cerveau ne cessait jamais d'apprendre, il ne pouvait pas devenir sénile malgré l'âge et aurait pu très bien être un modèle pour l'humain qui suivait ses cours pour développer ses pouvoirs psychiques. La paix de l'âme... Non, Kadvael n'atteignait pas l'harmonie parfaite, mais avec un esprit stabilité par les dogmes et un corps endurci par ses escapades de traître, il se présentait comme un élève prometteur. Combien de fois ne donnait-il pas lui-même cours à d'autres pokémons dont de nombreux Abras ?
« - Maître Foo, puis-je prendre congé de nos élèves pour m’entraîner avec Dorn et Yun ? »
Les Abras étaient des fantastiques élèves mais leurs pouvoirs étant peut-être trop grands pour eux, ils dormaient une grande partie de la journée, période où ils s’entraînaient encore dans leurs rêves d'enfants. A cause de leur faculté à se téléporter ou bien à prévoir le futur, certains se cachaient assez régulièrement et en conséquence, Kadvael travaillait en équipe avec Dorn, un Meios un peu moins calme que lui mais terriblement efficace et le dépassant même en tout point lorsque ses deux cerveaux voulaient bien se mettre d'accord l'un avec l'autre. Pour calmer ce dernier, il y avait également Yun, une Kadabra qui n'était pas sans rappeler la Lionne et qui avait présenté l'humain à son professeur, le clerc pouvant visiblement résister à ses ondes psychiques au point de les oublier totalement. A eux trois, ils étaient pressentis pour devenir les futurs formateurs des prochaines générations mais tous le savaient, quelque chose de terrible allait se produire et chacun cherchait sa solution dans son coin, quelque part en ce monde et dans les anciens ouvrages.
Pas besoin de pouvoirs d'anticipations pour le deviner...
L'histoire reprenait quelques années plus tard. A la recherche consente d'une alternative à la guerre totale, qui évoluait très bien toute seule, Kadvael avait reçu un appel de ses compagnons pour une cité légendaire dans le nord de la Hoenn actuelle...
« - Kadvael, toi aussi tu as eu des visions, n'est-ce pas ?
- Mère, je dois remplir mon devoir maintenant, il me semble...
- Ah ? Alors comme ça, tu assumes enfin tes anciennes vies ?
- … Je pense que j'ai trouvé la source de ces visions qui frappent notre temple... »
La matriarche défigurait un peu son fils. De quoi parlait-il ? Elle n'avait reçu aucune information de nulle part et voilà qu'un simple subalterne disait qu'il avait la solution... Elle l'interrogeait sur les fameuses images qu'il recevait dans son sommeil : des portes entre les mondes qui s'ouvraient un bref instant, un bref instant beaucoup trop long pourtant... Quelque chose qui allait à l'encontre de sa religion et de ce qu'il avait apprit, un monde obscur et corrompu où la logique n'avait pas cours.
Alors que le jeune clerc partait pour cette région lointaine, la vieille femme mâchait sa colère. Son influence s'effondrait peu à peu, tombait en morceaux. Combien d'entre eux voyaient ces portes sans savoir ce qu'il y avait derrière, mis à part quelque chose pire que la Mort ? Quelque chose qui pouvait briser le cycle des réincarnations, mais pour emmener les âmes plus loin encore de leur souverain céleste, Arceus. Aussi, il y avait cette maladie qui ravageait les terres mortelles, précisément là où se rendait Kadvael en missionnaire, donc l'instinct maternel n'arrangeait rien alors que la prêtresse en elle voulait y voir la confirmation que ce monde était déjà un enfer.
Rien ne pouvait y être pire que voir son enfant partir vers l'inconnu après tout, non ?
- Chapitre III -
- Les Terres Maudites -
- Les Terres Maudites -
« - … D'abord, des sensations de malaise, puis vient la fièvre qui terrasse nos frères après une semaine à cause de la déshydratation. Bien souvent, cela va plus vite, ils s'étouffent d'eux-mêmes dans leur sommeil et c'est encore la mort la moins douloureuse, ils sont emportés en moins d'une heure pour les plus faibles ou les plus âgés... »
...
La maladie... Dans cette ville, il n'y avait plus que cela dans l'esprit des habitants et Kadvael pouvait le ressentir, ce malaise ambiant. Lorsqu'il se promenait, il se retenait auprès des locaux et voyait toute l'ampleur de la maladie. Des gamins pleurant leurs amis humains comme pokémons tombés face à ce mystère et eux-mêmes, Kadvael les recroisait le jour d'après pleins de cloques et autres, preuve la plus manifeste qu'à leur tour, ils étaient infectés.
Une forte concentration de Fluvetins s'était mis en tête de soigner ce mal inconnu mais après des tentatives de quarantaine, ils tombèrent également malades et enroulés leurs morts dans des draps lourds, mesure ensuite prise pour l'ensemble des macchabées que l'on voyait traînés dans des charrettes tirées par d'autres infectés. Lors de son arrivée dans ces petits villages, le prêtre croyait au début à une incendie, une cause logique à cette odeur de souffre et de chair brûlée qui remplissait l'air et en se dirigeant vers les cris, pensant pouvoir aider quelques survivants, le jeune homme se retrouvait incrédule face à une foule vociférant des insultes vers un bûché où des personnes de tous types se voyaient consumés vivants.
Hors de question de quitter la province, les autorités, appuyées par un pouvoir religieux inquiet, ne voulaient pas que l'on entende parler de cette peste et se contentaient d'éliminer tous individus suspectés de porter des germes. Avaient-ils raison ? Kadvael se doutait que la solution pouvait être sage objectivement, mais ne pouvant pas s'autoriser à imaginer à cette place brûlante les meutes de pokémons et les familles en fuite croisés lors de son arrivée, le doute raisonnable devait rester. Tuer tout le monde pour sauver un plus grand nombre ? Foutaises ! Ils finiraient tous à brûler ou à s'entre-tuer et pour finir, plus âme qui vive ne resterait en ces terres.
« - Frère Kadvael... Vous êtes venu... ? Vous... Vous apportez un remède?! »
Un vieil ecclésiastique arrivait en courant vers le jeune homme, la peau remplie de ses cloches et la folie dans les yeux. De multiples traces de saignée et quelques amputations aux mains, le nez manquant, il essayait d'agripper son jeune collègue au col pour lui soutirer des réponses. Bien entendu, dans pareil contexte, les esprits s'échauffaient et plus personne ne pouvait agir normalement. La maladie arrivait et tuait parfois sans trace. En conséquence, les dépouilles brûlaient avec leurs demeures bien souvent pour laisser un brasier encore chaud sur quelques jours...
Face à tant de misère, Kadvael ne pouvait rien faire mis à part utiliser ses pouvoirs psychiques pour repousser son aîné qui s'écroulait au sol, troublé par cette réponse, ce remède, que le jeune prêtre semblait apporté. Ce n'est qu'après avoir repris un peu ses esprits qu'il lui expliquait les tenants de l'infection, de ce qu'il avait pu noter ou récupérer de notes d'autres religieux morts dans des dispensaires, ceux qui avaient été au plus près de la maladie, bien trop près.
« - … Tout à commencer lorsqu'un joyau est tombé du ciel...
- Où est ce joyaux à présent, frère Abbad ?
- Oh, mais il est gardé par notre dieu à présent...
- Où est le frère Dorn et la sœur Yun ?!»
Cela ne l'avait pas frappé tout de suite car ce mal caché était partout, présent dans le regard de tous les habitants souriants mais malades, continuant à vivre comme si de rien n'était et étant pris d'une ferveur génocidaire lorsque quelqu'un les mettait face aux problèmes. Kadvael commençait à avoir un affreux doute, pourquoi n'était-il pas sur le bûché, lui-aussi ? Des images lui venaient en tête, la sensation que sa peau changeait de texture, de forme, de couleur, sous les effets d'une trop haute température et quelques spasmes après, c'était à se demander s'il ne venait pas de vivre une combustion mentale. Déjà mort dans l'esprit ? Non, ce n'était qu'un avertissement et le prêtre devant lui remarquait son trouble, son sourire garni seulement de quelques dents s'élargissant.
« - Où est 'notre dieu', Abbad … ? »
Le sourire ne cessait de grandir, à croire que le visage du vieillard allait se scinder en deux mais d'un geste de la main, il invitait le fils de la matriarche à suivre et quelle marche... Tout deux allaient vers le sud-est jusqu'à ce que la terre ne se change en sable et les mètres en paraissaient des centaines à cause d'un vent contraire puissant qui avait cependant tendance à se dissiper pour laisser un tunnel d'air qui n'avait en rien une apparence naturelle. Devant les yeux libérés du jeune prêtre, le Temps et l'Espace semblaient se détruire mutuellement, des roches se voyant briser par une des failles trop proches qui pouvaient tout aussi bien libérer des objets ou les aspirer.
A l'intérieur du château qui semblait concentrer toute cette tension, une seule grande salle avec quatre grandes portes et au centre, un cristal qui faisait plutôt penser à un œuf en verre. Ce bijoux emettait un signal lumineux ainsi qu'un rire cristallin suivi par le prêtre qui finissait par être pris de délire où il finissait à exploser alors que Kadvael essayait de comprendre ce qu'il lui prenait.
Du sang et des tripes partout sur lui, croyant halluciné et revoyant dans son esprit toutes les images des villages traversés avec les infectés, la première idée qu'il eut était la fuite mais rien à faire, le cristal était là et il recommençait à envoyer ses pulsations lumineuses. Kadvael essayait toujours de comprendre mais les vomissements embrouillaient son esprit ainsi qu'un cri, un cri effrayant venu des airs qui se mêlait à un rire difforme où seule l'intonation permettait de reconnaître la personne.
« - DORN ! Mais que se passe-t-il ici, bon sang ?! »
- Chapitre IV -
- Eldritch, étrange et sinistre -
- Eldritch, étrange et sinistre -
« - Alors, tu ne me salues pas, Kadvael ?
- Où est... Yun ? »
Étrange. La voix de son ami venait de tous les recoins de la salle et en même temps, elle était si différent que dans ses souvenirs... Dans ceux-ci, Kadvael ne se souvenait pas que son cerveau frissonnait à l'entendre et que son nez saignait, ainsi que sa bouche. En regardant le sol, le jeune prêtre qui se tenait la gorge ne pouvait dire s'il y avait plus de son dernier repas ou de ses entrailles en train de se déchirer pour mieux ressortir alors qu'il crispait les muscles, serrait les dents, pour retenir le plus gros en plus. Ces pouvoirs, cela ne ressemblait pas à ceux de Dorn, et la proximité avec le cristal était surprenante alors que Abbad avait explosé en se laissant emporter par l'énergie qui semblait s'en dégager. Dorn y résistait ? Avec deux cerveaux, peut-être qu'il compensait, ou alors son enseignement commun avec Kadvael expliquait pourquoi eux deux étaient encore relativement entiers.
« - Es-tu sérieux ? Tu fonds de l'intérieur et tu te poses encore ce genre de question ?
- Le frère Abbad parlait d'un dieu gardant l'objet, tu t'es transformé en idole, mon ami ?
- Allons allons, je ne suis pas tout seul ici. Regarde donc, leur idole ! »
Des battements d'ailes lourds... Rien de ce que Kadvael connaissait de ses contrées ne ressemblait à ça et en se retournant, il voyait la fameuse idole qui se confondait avec les signes inscrits sur les murs. Une espèce de mélange de pokémons hiéroglyphiques qui eux, par contre, étaient bien connus du clerc qui sentait son corps se tordre, l'obligeant à expulser le sang qu'il retenait dans sa gorge. Cet être étrange, un dieu créé par quelque chose... Ce n'était pas le moment mais le joyaux devait avoir un rapport et en se focalisant sur ce but, l'humain gonflait ses muscles en les cumulant à ses pouvoirs psychiques pour se libérer de cette prison où il étouffait. L'onde de choc ne manquait pas de faire reculer cette créature que l'on connaîtrait plus tard sous le nom de Cryptero et se penchant pour récupérer son épée, normalement accessoire d'apparat, Kadvael analysait la situation.
« - J'ai eu la même vision que toi, Kadvael. Il y avait ce cristal et cette maladie qui apparaissait en même temps... La conclusion était plutôt simple, ils étaient liés ! Je me demande même si ce n'est pas avec ce pouvoir qu'ils ont construits cette chose... Elle ne me laissait pas approcher, cette peste !
- Ce pouvoir... ? Tu te caches où, Dorn... ?
- Oh, les deux sont liés, encore une fois ! Mais je ne sais pas si tu pourrais comprendre... »
Un hurlement faisait vibrer les murs du château et le prêtre reculait vivement pour éviter un bout de plafond qui manquait de peu de l’aplatir. Encore cet hurlement.
« - De deux choses l'une, soit il vient chercher le cristal, ce qui voudrait dire qu'il ne vient pas de notre monde, soit il a ressenti ce fabuleux pouvoir... Tu ne sais pas ce que c'est de devoir utiliser des avatars pour communiquer avec les autres. Même toi, Kadvael, tu peines à ne pas exploser à Ma parole, n'est-ce pas ? »
Pas faux, les yeux de l'humain commençaient à piquer alors que l'hémoglobine incapacitait l'un de ses globes oculaires. Son cerveau donnait l'impression de repousser sa paroi crânienne mais il se concentrait sur les enseignements de maître Foo pour faire un résumé de tout cela. Le cristal semblait être la source des convoitises, possédant certaines propriétés étranges, d'où la création de quelque chose pouvant repousser d'éventuels visiteurs trop curieux. Ensuite, cette histoire d'avatar et le fait que Dorn n'était pas lui-même attaqué par cette chose que Kadvael s'acharnait à contrer à chaque offensive.
Un acteur inconnu se baladait dans les cieux de toute évidence, un pokémon qui serait venu car une menace serait venue d'autre part. Un doute et un regard vers l'une des meurtrières du château, un long serpent sombre qui semblait combattre le bâtiment en lui-même alors que son prétendu protecteur était en train de croiser les fers avec le prêtre. L'utilisation du terme avatar dans la déclaration de Dorn... Craignant de comprendre, l'humain abandonnait son combat temporairement pour filer entre les jambes du monstre volant qui intensifiait la gravité avec des pouvoirs psychiques que Kadvael avait déjà affronté plus tôt. Le temps manquant, ce dernier se brisait presque le bras pour atteindre le joyaux qui rayonnait au fil d'un combat que le prêtre ne voyait pas et là... Un grand vide, comme si aucun sens de l'humain ne fonctionnait et un apaisement croisé avec des pics de douleur qui le mettaient à genoux, le trésor coincé entre les doigts avant que celui-ci ne lévite à toute allure vers le plafond.
La tour s'effondrait et le monstre hiéroglyphe s'envolait avec les pans de murs à ses multiples effigies. Quelques autres créatures naissaient aussi spontanément à cause des failles qui régnaient dehors mais qui se multipliaient sur un nouveau bâtiment faisant éruption. Un bâtiment ? Non, une créature vivante, encore une fabrication et un amalgame de toute sorte de choses. Cet amalgame virevoltant dans les cieux, à pourchasser le dragon vert et noir que l'on distinguait seulement à cause des filaments de lumière suivant sa gueule.
« - Dorn ! Mais qu'est-ce que tu as fait ?!
- ... »
Aucune voix, juste l'impression que l'on fouillait son esprit et qu'il devenait fou. Ce langage, Kadvael ne pouvait pas le comprendre et les mots infâmes s'accumulaient jusqu'à ce qu'il sente ses jambes fonctionnant seules. Du contrôle mental ? Allait-il vraiment finir comme avatar d'un mégalomane ? Non, il courait comme un abruti en tenant les dernières parties du monstre qui sortait ainsi entièrement du sol et se forçait à l'escalader avec la lame de son épée qui devait affronter une carapace presque aussi solide que son fil. Visiblement, le protecteur des cieux, Rayquaza, subissait plus qu'il ne dominait dans cet affrontement titanesque. Un peu comme ce bête humain, si ridicule auprès des deux entités, dont tous les orifices saignaient. Deux contre un ? Encore fallait-il définir si Dorn était encore « une » chose car même pour les dieux en présence, celui-ci dépassait tout bonnement l'entendement.
- Chapitre V -
- La tour macabre qui devait atteindre les cieux -
- La tour macabre qui devait atteindre les cieux -
Plus vite, monter plus vite... Une chance sur le plan tactique, le colosse se mettait à voler à l'horizontal pour avoir une meilleure vue en contre-plongée sur Rayquaza. Un malheur sur le plan émotionnel, Kadvael pouvait voir toute la misère qui semblait s'être produite en ces terres simplement sur le dos de la monstruosité. Des dizaines d'êtres autrefois vivants, maintenant désarticulés, avançant lentement vers lui... Étaient-ils seulement vivants ?! Ils sortaient des cratères de la carapace et formaient un rempart à la respiration lourde et purulente. Non, de la vie, il y en avait encore en eux mais leurs esprits étaient corrompus pour entrer dans un immense réseau dont la pièce centrale devait être Dorn, le roi réfugié au sommet de son château mort-vivant et qui avait à sa solde bien plus de soldats à ses ordres que le prêtre n'avait de doigts.
« - Frère Kadvael, que se passe-t-il... ? »
Le cycle des réincarnations où les prêtres devaient être au plus près de leurs dieux... Abbad, lui, restait sur un fil tendu, entre ses années de loyaux services et cette corruption tardive, à moins que cela ne soit encore l'oeuvre de l'idole. La tête semblait coincée dans une des ruptures de l'armure du monstre géant et la machoire se mouvait douloureusement, les yeux implorants de l'aide.
« - Vous êtes viv-... ?! »
Le clerc tentait de dégager son compatriote de son piège mais seule la tête venait, simplement car il ne restait plus qu'elle depuis l'épisode de la salle. Que fallait-il en penser ? Kadvael ne savait plus et regardait juste ce visage sanguinolent et gluant, à cause de la maladie, qui continuait à lui demander de l'aide. Les monstres se faisant trop nombreux ici et la porte de sortie se résumant à une chute vertigineuse, il n'y avait rien d'autre à faire...
« - Que s'est-il passé ici, par tout ce qui est saint ?
- Dorn était venu pour trouver une solution mais il ne voulait pas admettre son échec... Alors il a commencé à étudier le joyau tombé du ciel et par la suite, les choses semblaient s'arranger mais une enquête menée par notre temple en est venu à dire cela, Dorn ne cherchait plus la solution comme il aurait dû... Il a commencé les expériences sur les habitants et pour éviter d'être entravé, il y a utilisé ses pouvoirs pour contrôler les survivants qui lui résistaient...
- Je vois. Eh beh, on va dire que ça partait d'une bonne intention mais nos pouvoirs ne devraient pas permettre pareilles choses, et je suppose que c'est comme ça qu'il a déjoué la vigilance du gardien ? »
Un petit râle indiquait que les craintes de Kadvael étaient fondées et il semblait se calmer un peu, trop pris par ses réflexions. S'il y avait contrôle mental, un réseau comme il le pensait, à la manière des autres Symbios...
« - Je te vois, Kaaadvaaael... »
L'usage d'avatars, cette impression lorsque Dorn montrait sa véritable forme. Tous ces êtres répétant ce que leur maître voulait bien dire... Non, l'idole ne lui avait jamais réellement adresser la parole, car Sa parole était trop puissante pour une simple âme mortelle, à en croire ce qu'il laissait filtrer.
Une seule sortie, il fallait faire tomber le palais géant en abattant son souverain et fort de cette idée, Kadvael lançait son poing serré contre la mâchoire du premier serviteur, répugné à l'idée d'user de sa lame dessus. Cela ne serait pas nécessaire, visiblement... Le visage se tordait, les os craquaient et la tête volait en éclat dans un bruit humide. La maladie rendait le corps tellement faible et si sur le plan stratégique, c'était une bonne chose, sur le plan émotionnel du prêtre qui se prenait une tempête de tripes infectés sur le visage, c'était autre chose... Venait-il de commettre un meurtre ? Son esprit s'embrouillait à nouveau, entre la maladie et les manipulations de Dorn qui tentaient de profiter de chaque ouverture.
« - Ils sont encore beaucoup à devoir être libérés. Il n'y a plus rien à faire pour eux, frère Kadvael... »
Rien à faire, le récit était déjà écrit et le jeune homme criait pour expulser tous ses maux en tenant cette fois son épée bien fermement. Alors qu'il traversait les premières lignes comme s'il traversait des murs d'eau légèrement gélatineuses, le froid céleste compensait par la chaleur de la fièvre et des chairs malades qui se collaient à ses vêtements, son pas se faisait plus lent. Encore vomir... Comme si c'était le moment. Mais au moins, Kadvael pouvait comprendre pourquoi il ralentissait à ce point, de petites mains de toutes sortes lui tenant les pans de son pantalon et lui griffant les jambes.
« - Tout le monde est invité ! N'ont-ils pas l'air heureux, mon frère ?! »
Une morsure au niveau du mollet et le jeune clerc vomissait quelques gerbes de sang en empalant la tête infantile sur la carapace, marchant sur une autre en manquant de glisser lorsque les os encore non totalement formés cédaient trop facilement sous son poids. Avancer d'à peine cinquante mètres avait été un supplice et voir devenait difficile avec tellement de liquides de différentes sortes dans la face.
Encore ce rugissement et un mur de lumière se dressait devant le fils de la matriarche qui restait incrédule alors que tout son plan de référence basculait sur le côté, l'obligeant à planter sa lame dans l'une des failles de la carapace qui laissait encore sortir quelques abominations. Encore cette odeur de chair brûlée, suivie de plusieurs tonneaux aériens.
« - Le frère Dorn dispose de bien trop de vies depuis qu'il a joué avec ces pouvoirs. Vous l'affaiblissez, vous libérez des âmes et vous permettez au titan céleste d'approcher l'Immonde.
- Taisez-vous, frère Abbad, j'ai du mal à réfléchir... »
Il fallait attendre une petite dizaine de secondes pour que Dorn puisse contrôler l'inertie offerte par ce corps trop volumineux et Kadvael se forçait à tituber vers la tête avant de dresser sa main devant lui pour dévier quelques flammes, se mangeant à l'occasion une solide droite minérale. Ça ne rigolait plus, les pokémons aussi tombaient malades, Kadvael semblait l'avoir oublié.
Les chamallots ne se gênaient pas pour carboniser ceux qui se trouvaient devant, le clerc se retrouvait pris au fer avec des Servipers et des Mangriffs là principalement pour le tenir à un endroit précis. Les racailloux n'étaient pas un vrai soucis, le clerc en attrapant parfois un pour assommer l'un de ses assaillants qui éclataient tout aussi bien qu'un humain. Devoir pousser des infectés du haut de ce rail volant n'était pas le rêve pour un religieux ayant fait vœux d'aider son prochain, mais au moins il avançait entre explosions et coups bas. Ressemblait-il seulement à un humain lorsqu'il parvenait au cou ? Un bref coup d’œil lui indiquait que Rayquaza était en difficulté, mais étant moins amoché que lui-même, peut-être que lui parviendrait à mettre à terre le tourmenteur.
« - Tout utiliser contre toi et puis me retrouver sans défense contre les prochains hérétiques. Ce n'est pas une solution, donc je pense que jouer quelques pièces maîtresses maintenant ne seraient pas folie, n'est-ce pas ? »
Encore ce gardien gênant qui se recevait un regard noir du prêtre, serrant son épée jusqu'au sang, ensuite une Kadabra plus ou moins consciente, qui servait d’interprète pour son nouveau maître qui recevait le regard désolé de Kadvael. Pauvre Yun, mais il aurait été étrange qu'elle écope d'un autre destin et pour finir, le rempart du trio... Un humain de grande taille, ce qui étonnait fortement le jeune homme car les humains restaient une espèce limitée en grande partie.
Mais celui-là...
« - Mon joker ! Encore livré dans son armure, il ne manque que la mâchoire et un bras mais ça reste un sacré gaillard ! Le chevalier de l'Or Blanc, j'ai nooommé … ORWENN GRINROTH !!
- DORN !! »
- Chapitre VI -
- La vie vue d'en haut -
- La vie vue d'en haut -
« - Je peux tout t'offrir. Un monde non corrompu, la vie que tu as toujours voulu avec une famille unie... Nous sommes l'avant-garde... Les dieux n'ont plus leur place... La première ligne... Je les ai entendu prier Arceus pour une solution... Nous sommes les sentinelles éparpillées à travers les villes... Et il n'est jamais venu, pourquoi ? … Les éclaireurs, les pionniers... J'ai été plus fort que notre Créateur... Nous ouvrons la voie, nous repoussons les ténèbres... Et je l'ai prouvé ici ! »
C'était ainsi que Orwenn avait présenté la caste à son petit frère qui répétait à mi-voix les paroles qui se faisaient entendre entre les mots de Dorn. Le regard lointain, la maladie creusant dans ses muscles comme pour atteindre son cœur et son cerveau, Kadvael récitait en serrant de plus en plus fort son épée à l'aide de ses deux mains balafrées et déjà pourries.
En même temps, les promesses de ce démon, de ce prétendu nouveau dieu. Des questions venaient à l'esprit du prêtre, sûrement insufflées par celui-là même : que deviendrait le monde si la maladie n'était pas contenue ici ? N'était-il pas comme cette créature, une sorte de gardien ? Les infectés ne quittaient plus la ville car leur libre-arbitre avait été supprimé mais la mesure sauvait peut-être le monde et peu à peu, Kadvael acquiesçait sans le vouloir aux dires maudits. Dorn était en mesure de sauver le monde, bien mieux que les médecins et autres. Il gèlerait la situation jusqu'à ce qu'un remède soit trouvé... Le jeune clerc lui-même pouvait rester ici et faire des recherches sans craindre d'être malade si cette idole le soutenait, il pouvait fuir la mort qui s'approchait à si grand pas de lui.
« - Que se passerait-il si les gens ne mourraient plus, Dorn ?
- … ?
- Nos terres et nos mers deviendraient insuffisantes et des immortels seraient obligés à s'affronter sans pouvoir se départager. Le monde des morts semble s'être bien rempli avec toutes ces calamités, il est peut-être à son point de rupture mais je ne suis pas sûr de vouloir savoir ce qui se passera ensuite.
- Je vois. Laisser sa place à un autre qui pourrait évoluer différemment, ne pas avoir ta vie... Une manière de te soulager, mon frère ? Je le sens, même ces limites dont tu parles n'ont plus de sens à mes yeux ! Rien n'est impossible ! Ne sois pas si pessimiste et rejoins nous vers un paradis où personne n'aurait à pleurer ! »
Pessimiste ? Un paradis où tout le monde serait heureux ? Un doux sourire cachait la douleur du prêtre qui se remémorait l'époque d'avant la guerre. Comment se nommait cette contrée lointaine où le roi avait perdu son ami ? Amora ? Seraient-ils si mauvais, la cause de la corruption ? Non. Tous vivaient dans un monde parfait mais tout changeait et oui, il devait se l'avouer à lui-même, il était pessimiste. Il n'était pas là pour sauver sa vie ou même son monde, il était là pour sauver ce qu'il en restait et épargner aux habitants d'ici l'idéal de Dorn. Comme le disait si bien le frère Abbad...
« - Il n'y a plus rien à faire pour eux, Dorn. Rien n'est éternel et nous l'avons toujours su. Mettre de la paille dans un cadavre ne le ramènera pas à la vie, malgré tous tes efforts. Nous sommes proches de la fin et c'est ainsi.
- Parfait ! Si c'est ainsi, je serai le héros des livres d'histoire que nos enfants liront et toi, l'avatar de la Destruction !
- Non, Dorn. L'Histoire ne se souviendra pas de nous, et je ne le désire pas... »
Quelle ironie, parler ainsi de ses propres désirs après avoir voulu faire comprendre que ceux de son ami étaient vains...
L'épée à la main, le prêtre avançait en connaissant à peu près les composants du dernier rempart. Yun était une femme pleine d'énergie et de bonne volonté, aux pouvoirs impressionnants, l'idole de la cité était juste un gros tas lévitant au-dessus du sol pouvant gêner éventuellement Kadvael qui ne connaissait pas l'ensemble de ses capacités et le plus dangereux était Orwenn. Rapide, puissant, le premier à devoir éliminer car il possédait également des souvenirs que l'ennemi pouvait utiliser.
Premier échange de lame, second échange, les trois protagonistes ne se servaient pas des autres pour atteindre leur but, leur donnant encore l'illusion d'être vivant et effectivement, son beau-frère bougeait tout aussi bien qu'avant. Un pas en arrière, un pied pour embêter les contres et puis, un immense coup pour fendre son adversaire en deux. Cela revenait à plusieurs rapides et Kadvael comptait les secondes. Une, deux, trois... Une, deux, trois... Une, deux...
« - Rayquaza ! TIREZ ! »
Un faisceau de lumière balafrait le ciel et percutait le colosse volant et morbide qui se tordait de surprise, ne s'attendant pas à ce que le prêtre commence à hurler sur l'une des divinités qu'il devait adorer, surtout pour viser dans sa direction. Il était vrai que le laser ne passait pas loin, ne touchait pas Orwenn mais le plan sur lequel ils se battaient venait de changer et une petite poussée psychique suffisait à le dévier juste de quelques centimètres dans sa course. Impossible de se rattraper et la silhouette s'éloignait peu à peu vers le sol. L'assemblage artificiel se jetait aussi, de lui-même, pour rattraper son compagnon avec ses pouvoirs mais au passage, il y avait le prêtre qui sortait de la fumée générée par la déflagration. Inutile de comparer leurs pouvoirs, une épée dans le flanc suffirait et la bête tournait sur elle-même en perdant un moment sa concentration, tombant comme une toupie s'échappant de la table de jeu.
« - Hey, Dorn, tu as raison sur un point, ce pouvoir est fabuleux ! Je viens de saisir pourquoi je n'étais pas encore mort malgré tout ce qui venait d'arriver et ce que tu m'as dis plus tôt me le confirme, ainsi que le fait que tu ne parviennes pas à contrôler mon esprit comme les autres. Tes sbires ne te sont plus d'aucune utilité !
- Oh ? Autant d'assurance de ta part à un moment pareil ? Il me reste encore une carte, Kadvael, celle que tu sembles craindre le plus. Moi aussi, je commence à comprendre certaines choses... »
- Chapitre VII -
- Les souvenirs d'une femme -
- Les souvenirs d'une femme -
« - Je viens de comprendre quelque chose. Ton énervement n'est peut-être pas dû à ton beau-frère, ce qui m'aurait étonné vue vos philosophies assez proches. Vous saviez que vous auriez à vous battre un jour pour défendre vos idées, l'un contre l'autre ! Et puis, tu l'as éliminé si facilement, mon beau général. Raaah...
- Dorn, viens m'affronter directement ! Tes petits subterfuges ne te sont plus utiles !
- Et alors, je me suis demandé 'mais d'où vient cette colère' ? Donc pendant que tu massacrais les protecteurs de ce monde, j'ai regardé dans l'esprit de notre très chère sœur Yun... Oh, cela m'étonne un tel écart de ta part, mon petit Kadvael, mais après tout, tu restes humain. Juste un petit et insignifiant humain avec un petit et insignifiant cœur d'humain... »
…
Quelques années auparavant, un peu au sud de la vallée d'Arce.
Le jeune prêtre contemplait les cieux d'un air inquiet, les fesses dans l'herbe et les doigts jouant entre les brins humides. Auprès de lui, une Kadabra jouant innocemment avec une fleur, le visage plein de questions existentielles comme savoir pourquoi les couleurs apparaissaient ainsi, quelle était la place de ce petit végétal dans l'existence et est-ce que l'avoir arraché pouvait avoir un effet papilusion ? Au-delà, Kadvael vidait sa tête sur la pénombre infinie de la nuit, quelques gouttes de sueur trahissant ses craintes alors que ses mains se crispaient dans la terre, comme pour s'y approcher.
« - Kadvael, tu vas bien ? Tu en tires une drôle de tête...
- Oh, ce n'est rien, Yun. J'ai juste un peu le vertige quand je regarde en haut trop longtemps. »
Une pause, un rire, un rire de plus en plus fort tout en restant féminin à sa manière et un clerc qui dévisageait son amie, gêné au possible, râlant pour défendre sa cause. Il était vrai que ce dernier cultivait presque sa peur, à craindre les plats qu'il découvrait à cause de ses allergies, volant au secours des jeunes Abras de peur du pire. Un être pessimiste mais généreux, voilà une bonne définition que Yun lui aurait mis sur le front mais en attendant, c'était sur sa bouche qu'elle recevait la main de son camarade religieux qui lui faisait signe de se taire de l'autre.
« - Si ton père voit que tu n'es pas là, non seulement il va te tuer, mais en plus tu vas te faire gronder. »
Ce mec, à craindre davantage une dispute familiale que la perte de sa propre vie. La Kadabra peinait parfois à le comprendre malgré l'intelligence innée de sa race et se frottait la tête avant de la reposer sur l'épaule de Kadvael qui ne semblait pas être gêné, cela faisait partie des rituels nocturnes qu'ils partageaient après tout.
« - J'étais en train de penser que je m'étais engagé sur un drôle de chemin... Je sais que je n'ai pas eu le choix de ma profession, mais tout de même, que ce serait-il passé ? Je n'en serai pas là aujourd'hui, peut-être que ma famille serait encore réunie, qu'il y aurait moins de tension. Ce genre de choses.
- Tu vas te plaindre d'être en vie, maintenant ?
- Ohoh. Tout de même pas et puis, cette vie me plaît encore assez bien !
- Après ce que tu viens de dire ? Tu es un peu contradictoire, 'tout de même'.
- Si je n'avais pas suivi ce chemin... Qui sait... ? Peut-être qu'on ne se serait jamais connus ? »
L'humain se frottait la nuque, le manque de lumière dû à l'heure masquant sa gêne et ses joues qui s'enflammaient. De toute manière, la Kadabra n'y faisait pas attention, souriant juste en croisant ses doigts avec ceux du prêtre, comme rassurée. Rassurée assez pour s'endormir, le laissant dans le pétrin de devoir rentrer avec elle sans que maître Foo ne leur tombe dessus. Mais cela faisait partie de leur rituel nocturne.
A cette époque, humains et pokémons vivaient en parfaite harmonie, ils pouvaient faire front commun dans une guerre comme celle que Kadvael vivait et partageait parfois les mêmes inquiétudes, même souvent. A cette époque, les deux mangeaient à la même table et il n'y avait pas réellement de distinction. A cette époque, il arrivait que les humains et les pokémons se mariaient ensemble. Dans la mesure du raisonnable, bien sûr !
- Chapitre VIII -
- L'acceptation -
- L'acceptation -
« - Et c'est ainsi que Kadvael et Yun se marièrent en secret, à l'abri des regards, sous l’œil bienveillant de notre seigneur Arceus... Voilà les enfants, l'histoire est finie. Fermez les yeux, il est temps de s'endormir ! »
Quelle sensation désagréable, entendre ses petits secrets déballés de la sorte, être mis devant le fait accompli et savoir que l'intimité de notre esprit était mise en danger si facilement. Kadvael semblait s'être arrêté de respirer un moment alors qu'une onde de choc manquait de lui ôter le bras droit, ses pieds ne suivant pas parce que la masse informe où il marchait avait jugé bon de lui agripper les chevilles. Le craquement des os, la torsion des muscles, inflammation des nerfs, tout forçait le prêtre à se réveiller de ce mauvais rêve et à renvoyer, encore une fois, un reste de repas et d'organes sur le sol qui tanguait à nouveau.
Si Yun était là, la raison était simple, elle devait empêcher Kadvael d'avancer. Cela le poussait à croire que Dorn ne pouvait pas l'affronter seul, devant déjà faire face à la colère de Rayquaza qui se contentait de le perturber et lui mettre des petites gifles sous forme de laser au passage. Double problème, la différence de taille, l'ancien Symbios étant bien plus imposant, une vingtaine de fois sans mentir, et ses pouvoirs psychiques liés à son corps fusionné empêchaient des contacts physiques prolongés. Ces mêmes talents qui harcelaient les neurones du clerc qui pouvait profiter de toutes les ouvertures pour passer le dernier rempart si Dorn regardait ailleurs.
Les deux pouvaient être un avantage. Premier exemple, si l'ancien camarade de Kadvael avait été aussi long que le titan céleste, un combat sur son dos aurait tout de suite eu un autre visage. Ensuite, sa taille l'empêchait de voir les puces se baladant sur son corps, dont Kadvael, d'où l'utilisation d'avatars contrôlés pour le surveiller mais cela l'affaiblissait également, l'empêchant de conclure l'autre bataille qu'il menait. Sur deux fronts, peut-être qu'il restait une chance ?
« - Vous fatiguez, l'autre ver de ciel et toi. Tu as bien vu que même à ton maximum, tu ne pouvais rien faire et si l'un de vous deux tombe, l'autre tombera automatiquement avec lui. Et encore, même si vous parveniez à me faire tomber moi, combien y aura-t-il de mort ? »
Ça, c'était un désavantage certain d'avoir un corps aussi imposant mais au moins, Kadvael pouvait y réfléchir maintenant que les problèmes avaient été soulevés. Combattre Yun était une possibilité mais son cerveau se refusait à commettre cette infamie et ses pouvoirs ne lui faisaient rien, à cause de la différence de niveau. La combattre au corps à corps ? Avec la maladie l'ayant gagné, le prêtre savait qu'il ne pouvait pas se contenter de la désarmer et que la moindre erreur pouvait la faire exploser. Non, le seul problème qu'elle représentait en réalité en face de lui, c'était sur le plan émotionnel. Accepter la mort de quelqu'un qui nous est cher... Dans un premier temps, le jeune homme était venu en face d'elle en cherchant une solution, refusant ce qui se passait et s'était énervé contre tout le monde en se sentant dans l'impasse. Ses propositions ne plaisaient guère à Dorn qui ne voulait quant à lui qu'une chose de toute évidence : qu'il le rejoigne dans son règne divin.
Rien à faire. Cette Kadabra avait le physique de sa tendre amie et ses souvenirs, mais elle l'attaquait sans relâche. Cependant, il fallait bien passer et le prêtre forçait donc sa chance dans une charge typiquement humaine, désespérée et inutile. En effet, lorsqu'il passait cette dernière barrière, Yun ne semblait avoir aucune blessure. Non, le plus amoché, c'était toujours le même, l'humain qui se penchait légèrement pour récupérer son épée plantée dans la carapace tout en continuant sa course, aussi pénible soit-elle.
« - Hoy ! Tu as bien vu que même à mon maximum, je ne pouvais rien faire, Dorn ?!
- ... »
Parfait. Le fait qu'il n'entendait plus de voix voulait dire qu'il était assez éloigné de Yun dont la vue avait été troublée par un afflux de sang étranger en plus d'être presque sûre d'avoir attrapé quelque chose, un bras, mais sans le reste du corps. Le poids suffisait à savoir que Kadvael n'était pas rattaché à cette pièce de viande et elle se retournait violemment vers son amant qui gueulait plus loin pour vérifier ses théories.
« - … Si j'ai atteins mes limites et que ça ne suffit pas, je n'ai qu'à aller au-delà ! »
Tout concentrer sur sa main restante, se focaliser sur une idée unique et oublier le monde présent. Cela ressemblait beaucoup à la base de la méditation zen mais cela marcherait... Les pouvoirs psychiques de Kadvael affluaient avec rage vers ses doigts, se mettaient à longer la lame alors qu'il hurlait pour vider un peu plus son esprit. Il hurlait et hurlait, quitte à ce que sa mâchoire infectée ne tienne pas et il représentait à ce nouveau pouvoir qui avait poussé Dorn à aller si loin, qui avait permis au clerc de survivre jusque là. En partant de cette base, la logique voulait que tout se termine par ce même pouvoir que l'humain libérait sans retenue, n'ayant pas le temps d'évaluer les risques ou d'étudier en précision une quelconque notice d'utilisation.
Sa concentration se condensait en un flux d'énergie psychique dense, visible. Une sorte de plasma. La lame pouvait paraître trop lourde sur le moment mais ce n'était que de l'eau sur un vêtement, il fallait le tordre et le secouer un grand coup pour s'alléger et d'un coup unique, le prêtre s'allégeait donc d'une charge trop lourde. Les cieux se crispaient, se pinçaient par endroits et se déchiraient par d'autres alors que la créature titanesque se pliait presque en deux en perdant une grande partie de ses protections dorsales et au niveau de ses multiples épaules. Un hurlement, encore un hurlement. Ce n'était pas un combat entre les dieux sur le moment présent, mais un combat entre deux bêtes sauvages guidés peut-être par l'instinct, peut-être par autre chose.
- Illustrations -
Un petit message pour le dessin de Jinkan (actuel) et désolé pour la qualité. Hélas, je n'ai pas trouvé de scanner donc voilà voilà, une petite photo... J'éditerai ce post par la suite avec une meilleure version et d'autres dessins! Ce message est donc réservé à l'édit et à l'ajout d'illustrations! Bien entendu, il y aura aussi des rajouts suite aux demandes (comme Myu qui trouvait que mon Jinkan avait pas l'air assez corrompu comme ça, blblbl...
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